Si Pascal Béjannin est
né à La Réunion, où il vit et enseigne
les sciences naturelles, « Mammo » —
son premier roman — conduit le lecteur hors du monde insulaire,
au cœur du continent africain : en Ethiopie à la
veille de la seconde guerre mondiale.
Mammo est un jeune garçon
né avec un particularisme qui peut lui suggérer
un destin hors du commun : il est albinos. Orphelin,
il vit dans un village des hauts plateaux, loin de la capitale
où règne le négus Hailé Sélassié.
Troublé par les confidences de son oncle qui dit voir
en lui l'un des nombreux fils de la reine de Saba, Mammo
quitte un jour son village et prend la route. Suivent alors une
succession de rencontres au fil desquelles la quête intérieur
prend le pas sur le déplacement géographique, comme
le souligne la voix intérieure qui aide Mammo à
surmonter le doute : puisse la providence te conduire
sur la voie de l'authenticité et de la sérénité.
Au terme de son parcours, et
après avoir approché le négus à Addis
Abeba, Mammo reprend le chemin de son village, accompagné
d'une belle femme tourmentée par le souvenir confus d'un
passé douloureux — très probablement une ancienne
esclave —, venue on ne sait d'où et qu'il nomme Là-bas …
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EXTRAIT |
Cette ville est comme un océan
où surnagerait une multitude d'îlots si proches
les uns des autres que des ponts suffiraient à les relier.
Cette communauté de villages que des rivières séparent,
c'est le cœur même d'Addis-Abeba. En laissant traîner
mon regard sur les toits de bardeaux, sur les tôles rouillées,
dans l'eau croupie des caniveaux, j'ai le sentiment trouble que
mon errance pourrait s'arrêter là. Paniqué,
j'implore le ciel de me donner les forces de n'en concevoir qu'une
halte, une pause nécessaire et salutaire mais, par pitié,
la plus éphémère qui soit.
☐ p. 114
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