Bonaparte O'Coonassa ! Avec
un prénom pareil, le héros de cette épopée
pourrait être en droit d'espérer voir un jour briller
son soleil à la face du monde. Malheureusement pour lui,
son monde est un pays aux pieds perpétuellement mouillés
où le soleil lui même peine à sécher
ses rayons. Cette gaélique vie de chien, Bonaparte en
est l'acteur et le témoin. Pathétique, féroce,
humide en permanence, affamé de naissance, trésor
national d'une Irlande en péril.
Flann O'Brien a donné
à son personnage les attributs du Celte idéal :
pauvre, illettré, soumis et parlant un langue impossible.
Mais si jamais le Celte a une âme, on la trouvera dessinée
finement derrière la satire : cette compromission
de l'ordinaire avec l'extraordinaire, ce permanent déchirement
entre la révolte et la résignation et cette joie
bruyante qu'engendre la mélancolie.
Cette adaptation en monologue
est présentée par la compagnie Gwengolo, la mise
en scène est de Pascal Cariou et est interprétée
par Paul Madec.