CATHERINE AYMA-DECAROUX : [...]
Les Polynésiens étaient
des navigateurs spirituels et non des propriétaires. Pour
eux, un bien n'avait de véritable valeur que lorsqu'il
parvenait à capter et retenir les « empreintes
divines ». Et ce n'est que lorsqu'on avait fait « descendre »,
par la grâce des invocations, le pouvoir des dieux et des
ancêtres dans de simples objets qu'ils devenaient alors
prestigieux et sacrés.
Ainsi, les Tiki détenaient-ils
l'immense privilège de pouvoir être investis temporairement
par les divinités ou l'esprit des nobles ancêtres.
En présentant leurs corps aux « messagers de
l'au-delà », ces effigies plus ou moins anthropomorphes,
sculptées généralement dans la pierre ou
dans le bois, acquièraient un pouvoir spirituel puissant.
À la fin du XVIIIe siècle,
débutait à Tahiti un vaste mouvement de conversion
de toute la population à la religion chrétienne.
La plupart des Tiki et des objets de culte furent détruits.
Les traditions religieuses disparurent en quelques décennies ...
[...]
Restent les derniers Tiki, seuls
témoins muets d'un monde oublié.
[...]
Pour les étrangers, amateurs
de mythes et de légendes, les Tiki demeurent les derniers
messagers d'un Ailleurs qui les aimante et nourrit leurs rêves
d'Occidentaux. Des rêves inouïs, s'il en reste.
☐ À la recherche d'un
monde perdu, p. 8-9
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