Kaimiloa : d'Honolulu
à Cannes par l'Australie et Le Cap à bord d'une
double pirogue polynésienne / Eric de Bisschop. - Paris :
Plon, 1939. - 357 p.-[13] pl. : ill., carte ;
20 cm.
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Annonciateur du renouveau des
embarcations et pratiques traditionnelles de navigation, Eric
de Bisschop avait rallié Cannes depuis Honolulu, en traversant
trois océans sur une double pirogue polynésienne
construite de ses mains, Kaimiloa. Deux rêves l'habitaient :
valider l'hypothèse de migrations trans-Pacifique dans
le sens est-ouest et, plus profondément peut-être,
croiser d'île en île.
Il est encore en plein Pacifique,
quand la proximité de deux îles mystérieuses
jette un éclairage contrasté sur la complémentarité
de ces deux aspirations :
14 mai [1937]
« Nous sommes par 13°35 sud et 157°30 est …
[…]
Je pense avec regret à ces deux îles mystérieuses,
dont on ne connaît presque rien, Bellona et Rennel, qui
dépendent en principe du gouvernement des " Salomons
britanniques ", mais qui, géologiquement très
probablement appartiennent à la
" Nouvelle-Guinée " et à l'archipel des
" Louisiades " … ; deux îles qui me
passionnent tout spécialement, car si la théorie
révolutionnaire que je forme d'une migration maritime d'est en
ouest est exacte, elles ne peuvent être qu'un point d'escale des
Polynésiens navigateurs d'autrefois ; et quand les
circonstances permettront d'étudier la race mystérieuse
qui les habite, qui par son isolement complet a dû garder des
caractéristiques difficiles à découvrir ailleurs,
on sera étonné de découvrir en pleine
Mélanésie tant de traits de pure Polynésie.
Ah ! si je pouvais suivre l'appel de mon intuition ! J'avais
songé un moment en venant d'entre les " Santa
Cruz " et les " îles Banks ",
passer entre les " Indispensable Reefs "
et " Rennel " …, mais je n'en ai pas eu
le courage … Voir cette île de mystère se profiler
dans mon horizon sans pouvoir y aborder ! Il faut du temps avant
de risquer le contact avec des indigènes inconnus, il
faut lentement tenter de s'y faire aimer, de gagner leur confiance,
pour apprendre un tout petit peu d'eux : cela demanderait des
semaines, des mois … »
Vingt ans plus tard, sur le radeau
Tahiti Nui, Eric de Bisschop aborde sa dernière île,
Rakahanga (Cook) ; cf. Bengt Danielsson : « Le dernier rendez-vous d'Eric de Bisschop »
(1962).
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NOTE DE L'ÉDITEUR : Kaimiloa est à la fois
le nom et l'histoire d'un bateau que les experts avaient condamné
avant même qu'il eut flotté. Construit par Eric
de Bisschop à l'antique manière polynésienne,
abandonnée depuis près de mille ans (deux coques
réunies par un appontement et une voilure tendue de bambous)
cette originale embarcation allait cependant traverser trois
océans et conduire Eric de Bisschop et son fidèle
compagnon, le breton Tatibouet, d'Honolulu à Cannes en
passant par Bali, Sourabaya, le détroit de la Sonde, le
Cap, Sainte-Hélène, Tanger …
Coups durs, escales, enthousiasmes,
dur travail de la mer : le grand souffle du large passe
à travers ces pages qui constituent un admirable exemple
d'énergie, d'endurance, de philosophie, et qui dénotent
chez leur auteur de rares qualités d'observateur et d'écrivain.
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COMPLÉMENT BIBLIOGRAPHIQUE | - Eric de Bisschop, « Cap
à l'est : première expédition du Tahiti
Nui », Paris : Plon, 1958
- Eric de Bisschop et Robert Argod,
« Vers Nousantara, ou l'énigme polynésienne »,
Paris : La Table ronde, 1963
| - Robert Argod, « Nouveau
regard sur les migrations polynésiennes : la plus
grande aventure maritime de tous les temps », Papeete : Haere po no Tahiti,
1997
- Michel Brun, « Le
destin tragique du Tahiti Nui », Paris : Flammarion, 1959
- Bengt Danielsson [et Alain
Brun], « Le dernier rendez-vous
d'Eric de Bisschop », Paris : Julliard, 1962
- Jean
Pellissier, « L'odyssée des radeaux Tahiti-Nui II
& III : Tahiti-Chili 1956-1958 », Papeete :
'Ura éditions, 2017
- François de Pierrefeu,
« Les confessions de Tatibouët »,
Paris : Plon, 1938
| http://eric.de.bisschop-honolulu.1941.over-blog.com/ |
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mise-à-jour : 6 novembre 2017 |

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