Bref
été au Spitzberg / Aurélie Corbineau. -
Larbey : Gaïa, 2006. - 205 p.-[16] p. de pl. :
ill., carte ; 19 cm.
ISBN 2-84720-080-0
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9ème édition du Prix du Livre Insulaire : Ouessant 2007 |
livre
en compétition |
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Travailler au Svalbard est une obligation. Le taux de chômage est de 0 %.
p. 44 |
Titulaire d'une bourse Zellidja,
Aurélie Corbineau a passé cinq semaines (de fin-juillet
à fin-août 2002) sur l'île Spitzberg —
île principale et seule habitée de l'archipel du Svalbard
où l'on compte environ 3 000 habitants presque tous
regroupés à Longyearbyen, la capitale.
Là-bas, par 78° de latitude nord, le dépaysement est
assez rude pour faire vaciller les plus solides. Au cœur de
l'été, le climat est peu amical ; le soleil de
minuit dérègle les rythmes de vie ; les ours rendent
dangereuse chaque excursion au point qu'il est nécessaire de
louer un fusil pour quitter la ville ; la langue complique les
échanges … Et l'ennui qui semble peser sur nombre de
résidents tend à se faire contagieux : « Depuis
que je suis ici … l'ennui m'est tombé dessus sans
prévenir … Aurais-je tout simplement pris les
habitudes locales ? » (p. 164).
Aurélie Corbineau résiste, et tente de comprendre les
ressorts qui animent l'excentrique société qu'elle
découvre ; en parallèle à son journal, elle
livre donc ici quelques unes des observations destinée à
la Fondation Zellija. À propos des résidents, elle parle
de « vies transitoires » ;
de fait, personne ne « vit » au Svalbard —
on ne fait qu'y passer, plus ou moins longuement, quelques semaines,
quelques mois, quelques années au plus. Et cette forme de mise
entre parenthèses de la « vraie vie » contribue,
plus sûrement encore que l'extrême rigueur de
l'environnement naturel, à brouiller les repères,
à obscurcir les perspectives. L'argent règne en
maître, celui de la mine hier, et aujourd'hui celui d'un tourisme
ravageur.
La prison insulaire, pourtant,
ménage quelques rares et chaleureuses rencontres : Elisa, Lars,
Mehdi, Charlie, … Quant aux ours, ils se sont fait
heureusement discrets.
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EXTRAIT |
« Les
gens qui venaient vivre [au Spitzberg] il y a trente ans, venaient
principalement pour l'aventure. Aujourd'hui c'est pour
l'argent », selon une habitante de Longyearbyen.
Mais ces gens, aujourd'hui, ne viennent-ils que pour l'argent ? En
posant la question à différentes personnes, je me suis
rendu compte que l'on pouvait en tirer quatre catégories dont
les raisons parfois s'entrecoupent :
- Ceux qui sont jeunes et qui
démarrent dans la vie. Pour eux, le Svalbard est une
expérience qui peut se révéler très
importante.
- Ceux qui désirent
commencer une nouvelle vie. Ils vont là-haut où personne
ne les connaît. Ils viennent seuls et laissent tout le
passé sur le « mainland ». J'ai ainsi
rencontré beaucoup d'hommes qui avaient une femme et des enfants
et qui venaient ici pour oublier.
- Ceux qui viennent pour
l'argent. Souvent, ils veulent être plus tard pêcheurs,
fermiers ou monter leur entreprise sur le continent ou encore visiter
le monde. Ainsi, ils amassent au Svalbard beaucoup d'argent pour
repartir sur le continent et accomplir leur rêve.
- Ceux encore qui viennent pour
la nature, pour pouvoir habiter dans l'Arctique avec toutes les joies
et les contraintes que cela implique.
☐ pp. 44-45 |
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE
- Léonie
d'Aunet, « Voyage d'une femme au Spitzberg »,
Paris : Hachette, 1854 ; Arles : Actes sud (Babel, 149), 1995
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mise-à-jour : 27 juin 2007 |

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