Électrique
cité / Patricia Grace ; trad. de l'anglais
(Nouvelle-Zélande) par Jean Anderson et Anne Magnan-Park. -
Papeete : Au Vent des îles, 2006. -
119 p. ; 21 cm. - (Littératures
du Pacifique).
ISBN 2-915654-13-1
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NOTE
DE L'ÉDITEUR : Si le
premier récit de ce recueil met en scène une
vieille femme apparemment impotente, préoccupée
par les détails banals de la vie quotidienne, il se
clôt sur la révélation du mana
(statut, rang) de Waimarie, à la
mâchoire forte rappelant celle de l'ancêtre
puissante de Maui, demi-dieu qui, armé de cet os, blessa le
soleil et lui fit ralentir sa course à travers le ciel, acte
qui permit à toute la race humaine de sortir de l'ombre pour
mieux vivre.
C'est sur ce fond de
mythologie et de métaphore qu'il convient de lire les
nouvelles d'Électrique cité.
Les petits péchés de deux fillettes, la
construction d'un mur, un après-midi de jeux, l'arrestation
d'un jeune homme naïf, une journée de
pêche, ou un séjour à
l'hôpital, ce sont des aperçus de vie
menées parfois dans les ténèbres, mais
où perce malgré tout une chaleur humaine.
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JEAN
ANDERSON et ANNE MAGNAN-PARK :
[…]
Loin de soumettre au lecteur
un jeu de mots discret, Électrique cité,
présente la trace d'un malentendu, d'un dérapage
linguistique produit par un père de famille maorie qui, sans
malice aucune, décompose et recompose de façon
erronée un terme anglais, electricity
(électricité), pour lui substituer sa variante
quasi-homophone : electric city (électrique
cité). Les deux enfants de l'auteur de cette
méprise expriment leur embarras face à un
écart langagier qui en dit long sur un père qui
parvient difficilement à s'accoutumer aux mœurs et
coutumes de la vie citadine. Ils prennent néammoins
conscience de la justesse de ce dérapage dans les
dernières pages de la nouvelle qui a donné son
titre au recueil. En route vers leur travail du soir, les deux
adolescents contemplent la ville qui s'offre à
eux : la nuit vient de tomber et la cité n'existe
alors que par la lumière qui souligne ses contours. La
présence de cette énergie moderne et fascinante
illumine cet espace urbain de la base au sommet en marquant de sa lueur
les immeubles et les façades des maisons de ceux qu'elle
endette. Et la nouvelle se termine sur ces mots : « L'électrique
cité. Et il faut toujours payer ».
Patricia Grace joue ainsi sur l'ambiguïté d'un
terme qui transforme l'erreur linguistique en licence
poétique, inscrivant au sein de la langue anglaise la trace
de sa différence par détour et dislocation.
Le courant
électrique du titre diffuse également son
thème au cœur du recueil pour introduire dans la
vie des divers personnages qu'il égrène la notion
de permanence et d'interruption, de continuité et de
court-circuit.
[…]
☐
Préface,
p. 9
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EXTRAIT |
Elle n'attrapa pas son poisson avant la fin de
l'après-midi. C'était un petit poisson, mais elle
en était satisfaite. Tout ce qu'elle avait voulu,
c'était d'attraper un poisson ce jour-là, la
dernière belle journée de
l'été. Elle l'amena au bord de l'eau
où elle le vida et l'écailla.
Elle se rendit compte alors qu'il lui restait
encore autre chose à faire, car comment savoir vraiment si
l'on reviendrait ici l'été prochain ? Et
pourquoi venir maintenant si on ne laissait pas l'endroit nous
connaître ? Il ne suffisait pas de se tenir
à l'extrémité d'une canne à
pêche. Les mères avaient raison de vouloir
s'aventurer au-delà du rivage.
Elle gagna le bord, à
mi-marée, et pénétra graduellement
dans l'eau.
☐ À
la pêche,
p. 88
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- « Electric city and other
stories »,
Auckland : Penguin, 1987
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- « Waiariki
and other stories », Auckland : Longman
Paul, 1975
- « Mutuwhenua :
the moon sleeps », Auckland : Longman Paul,
1978 ;
« Mutuwhenua : la lune
dort » trad. par Jean
Anderson et France Grenaudier-Klijn, Papeete : Au Vent des
îles, 2012
- « The
dream sleepers and other stories »,
Auckland : Longman Paul, 1980
- « Potiki »,
Auckland : Viking, 1986 ; « Potiki, l'homme-amour »
trad. par Hélène Devaux-Minié,
Paris : Arléa (L'Etrangère), 1993
- « Cousins »,
Auckland : Penguin, 1992
- « The
sky people », Auckland : Penguin, 1994
- « Baby
no-eyes », Auckland : Penguin,
1998 ; « Les yeux
volés » trad. par Jean Anderson et France
Grenaudier-Klijn, Papeete : Au Vent des îles, 2006
- « Dogside
story », Auckland : Penguin, 2001 ;
« Les enfants de Ngarua » trad.
par Jean Anderson et France Grenaudier-Klijn, Papeete : Au Vent des
îles, 2008
- « Tu »,
Auckland : Penguin, 2004 ; « Le bataillon
māori » trad. par Jean Anderson et France
Grenaudier-Klijn, Papeete : Au Vent des îles, 2010
- « Small
holes in the silence », Auckland : Penguin,
2006 ;
« Des petits trous dans le
silence » trad. par
Anne Magnan-Park, Papeete : Au Vent des îles, 2014
- «
Ned and Katina », Auckland : Penguin, 2009
- «
Chappy », Auckland : Penguin,
2015 ;
« Chappy » trad. par Jean Anderson et Marie-Laure
Vuaille-Barcan,
Papeete : Au Vent des îles, 2018 ; Paris : Le Livre de poche (Le Livre de poche, 35370), 2019
- « Haka » trad. par Yamila Cowan et ill. par Andrew Burdan, Papeete : Au Vent des îles, 2018
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New Zealand Book Council : Patricia
Grace |
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mise-à-jour
: 11 mars 2020 |
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