Evelyn Waugh

Hissez le grand pavois

Robert Laffont - Pavillons poche

Paris, 2019

bibliothèque insulaire

   
Irlande
parutions 2019
Hissez le grand pavois / Evelyn Waugh ; trad. de l'anglais par Georges-Philippe Brabant. - Paris : Robert Laffont, 2019. - 354 p. ; 18 cm. - (Pavillons poche).
ISBN 978-2-221-23991-9
Le roman d'Evelyn Waugh déploie son cours à Londres et, en quelques rares occasions, dans la campagne anglaise. L'auteur s'amuse aux manœuvres plus ou moins subtiles de quelques bright young people — membres de la classe oisive confrontés au choix de prendre ou ne pas prendre une part active aux premiers temps de la guerre. Au début de l'exercice, il suffit de moquer ceux qui, comme Parsnip et Pimpernell, n'ont pas attendu la montée du péril — les premiers bombardements sur Londres — pour s'expatrier aux Etats-Unis 1. Ceux qui sont restés peuvent alors se flatter de n'avoir “ jamais été à la solde du capitalisme ”.

À côté de ceux qui veulent servir, et qui souvent paieront cher leur engagement, d'autres multiplient les stratégies d'évitement, plus souvent minables que virtuoses. Evelyn Waugh s'attache particulièrement au parcours de Basil Seale aussi charmeur et maladroit que peu scrupuleux. Sur le point de se compromettre, Basil se tire d'affaire en accusant un de ses camarades d'université de complicité avec l'ennemi et, bon garçon, avertit ce dernier qu'il court un risque en demeurant à Londres ; il lui suggère alors de fuir en Irlande et organise son départ.

Le séjour irlandais du fugitif permet à l'auteur d'écrire une page d'anthologie où sont concentrés tous les poncifs de l'époque sur l'île verte.
       
1. Explicitement visés : W. H. Auden et Christopher Isherwood.
EXTRAIT Dans une vallée molle et verdoyante, où coulait une rivière, entre des pâturages ras et détrempés ; où l'herbe dépassait le bord de l'eau pour aller se perdre avec les plantes aquatiques ; où serpentait une route entre des talus verts et des murs écroulés ; où l'herbe devenait mousse pour envahir les éboulis, tapisser le cailloutis tacheté et les ornières profondes de la route ; où les décombres d'une caserne de gendarmerie en ruine, bâtie pour commander le passage de la vallée, incendiée par les insurgés, après avoir été blancs puis noirs, étaient maintenant verts, du même vert que les mousses et les plantes aquatiques ; où la fumée de tourbe qui s'échappait des cabanes allait se joindre au brouillard issu de la terre humide et verdoyante ; où les empreintes de l'âne, du porc, du veau et du cheval voisinaient indifféremment avec celles des pieds nus des enfants ; où des voix douces ou haineuses s'élevaient dans les cabanes enfumées, se mêlant à la chanson de la rivière, au bruit des bêtes qui remuaient dans les prairies, à leurs pas et leurs ruminements ; où la brume et la fumée ne se dissipaient jamais ; où le soleil ne pénétrait jamais directement ; où l'ombre, le soir, tombait lentement, par d'infinies gradations ; où le prêtre venait rarement à cause du mauvais état de la route et parce qu'il fallait grimper longtemps pour rentrer chez lui, tout à l'extrémité de la vallée, et où personne, hors le prêtre, ne venait de tout le mois ; dans cette vallée se trouvait une auberge que fréquentaient autrefois des pêcheurs. Les soirs d'été, une fois leur pêche terminée, des praticiens de Dublin et des militaires anglais en retraite venaient y fumer la pipe et boire le whisky jusqu'à une heure tardive. Personne ne pêchait dans la rivière, maintenant, et ce qui restait de truites était capturé par des moyens ingénieux et illicites, sans aucun égard pour la saison ou le propriétaire. Personne ne venait séjourner dans cette auberge ; quelques couples de promeneurs, un ou deux automobilistes s'y étaient arrêtés quelque fois pour dîner, avaient hésité, débattu la question, et s'étaient résignés à continuer leur route jusqu'au village suivant. C'est là qu'Ambrose, perché sur une charrette, était arrivé de la gare, située à six milles, de l'autre côté de la colline.

pp. 325-326
COMPLÉMENT BIBLIOGRAPHIQUE
  • « Put out more flags », London : Chapman & Hall, 1942
  • « Hissez le grand pavois » trad. de l'anglais par Georges-Philippe Brabant, Paris : Robert Laffont (Pavillons), 1948

mise-à-jour : 19 avril 2019
Evelyn Waugh : Hissez le grand pavois
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