La
fenêtre au sud / Gyrðir
Elíasson ; traduit de
l'Islandais par Catherine Eyjólfsson. - Saguenay
(Québec) : La Peuplade, 2020. -
160 p. ;
19 cm.
ISBN 978-2-924898-73-4
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NOTE
DE L'ÉDITEUR :
Quelque part en Islande, au bord de la mer, un village de maisons
noires fait face à l'infini de l'eau. Dans son repaire, un
romancier
peine, sur sa vieille Olivetti, à écrire la
vérité d'un couple parti en
vacances pour se retrouver. Qui s'amuse ? se demande-t-il,
déposant les
feuilles dactylographiées sous la fenêtre sud
claire.
La radio,
pendant ce temps-là, donne des nouvelles d'un autre
monde : le séisme
de Fukushima, l'assassinat de Ben Laden, la guerre en Syrie.
Au rythme
des quatre saisons de l'année, comme un contrepoint nordique
aux célèbres concertos de Vivaldi, La fenêtre au sud
transforme cette histoire simple d'amour et de fantômes en un
livre
immense sur les crépuscules de la création.
L'encre s'épuise,
l'écrivain tapera bientôt blanc sur blanc,
traversant la page comme on
marche dans la neige. Celui qui est seul est toujours seul, infiniment
seul et nulle compagnie ne peut rien y changer.
❙ |
Né
en 1961, Gyrðir Elíasson est romancier et
poète.
Deuxième livre d’un triptyque sur la solitude, La fenêtre au sud
succède au roman Au
bord de la Sandá (2019). |
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ELENA
BALZAMO :
[…]
Gyrdir
Eliasson […] met en scène un écrivain
qui choisit
la solitude dans un village de pêcheurs afin de se mettre
à distance d'un monde trop vaste et trop changeant. Ce qui
ne
veut pas dire qu'il s'en coupe : le héros suit
l'actualité avec une avidité
mêlée de
désespoir. Cela donne des réflexions
tantôt
désinvoltes tantôt graves, où les faits
divers de
son quotidien d'anachorète voisinent avec des aphorismes
décalés sur la société, la
politique ou la
littérature. […]
☐
Le Monde
des livres
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EXTRAITS |
Je
suis allé au café du rivage pour la
première fois.
La patronne est une femme d'âge mûr, aux cheveux
poivre et
sel et aux lunettes à monture dorée,
plutôt forte,
avec un tablier blanc immaculé comme une authentique
paysanne
d'autrefois.
“ Vous êtes
l'écrivain ”, m'a-t-elle dit.
“ Assurément ”,
ai-je répondu.
“ J'ai
essayé une fois de lire un livre de vous. ”
“ Ah
oui ? ” ai-je fait, tout en me doutant de
ce qui allait suivre.
“ J'ai
vite arrêté. ”
“ Sage décision, dis-je. Je
vais prendre un café. ”
Elle
m'a apporté la cafetière à pression
sans rien
dire, avant de retourner derrière le comptoir. Il n'y a
personne
dans l'établissement. La cohue n'arrive pas avant
l'été. Des autobus entiers débarquent
alors et
elle ne sais plus où donner de la tête entre les
tasses
à remplir et les gaufres à préparer.
Son
café est super, ça il faut le
reconnaître. Par la
porte ouverte, on entend la mer clapoter sur les cailloux du rivage. Le
temps se lève.
☐ Printemps, pp.
50-51 |
Si
je trouvais un coquillage au milieu de l'intérieur
inhabité, je le porterais sans coup férir
à mon
oreille pour écouter le bruit de la mer. Je ne crois
pratiquement plus à rien, mais le bruit des vagues dans le
coquillage a survécu à tous les naufrages. Depuis
que
l'on m'a dit que c'était la mer, je l'ai cru.
☐ Eté, pp. 66-67 |
Les
pluviers dorés commencent à se regrouper sur la
lande.
Ils sautillent sur les bosses barbues en poussant leur cri plaintif, le
poitrail gonflé comme si le chagrin allait les faire
éclater. Je m'amuse parfois à leur
répondre d'un biii,
biii, biii dans
leur langue, mais ils posent sur moi un regard blessé,
accusateur, et je mets fin à ce jeu. Du reste, moi, je ne
suis
pas sur le départ, je vais rester ici, que cela me plaise ou
non.
☐ Automne, p. 101 |
Le
vent gémit sur le toit et la neige s'amoncelle dans le
jardin.
De temps à autre, quand le blizzard se calme, les corbeaux
viennent piétiner le toit en croassant. Je leur mets du pain
devant la porte et ils descendent d'un bond pour le picorer avec
avidité. Ils n'ont peut-être rien d'autre
à se
mettre dans le bec. Un seul homme et une dizaine d'oiseaux noirs, aussi
noirs et du même nombre que les maisons voisines.
☐ Hiver,
p. 155 |
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- « Suðurglugginn »,
Reykjavík : Uppheimar, 2012
|
- «
Entre les arbres », Paris : Books
éditions, 2012
- « Les
excursions de l'écureuil », Saguenay
(Québec) : La Peuplade, 2017
- «
Au bord de la Sandá », Saguenay (Québec) : La
Peuplade, 2018
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mise-à-jour : 27
octobre 2020 |
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