EXTRAIT |
D'un revers de main, j'écarte
les frondaisons architecturales pour m'enfoncer dans une jungle
fluviale, dont chaque volute est aussi liane et tentacule, bras
de méduse et chevelure de Pythie, Gorgone et Mélusine.
C'est l'eau clapotante prise
aux rets de la terre, et qui ne s'échappe que par la stagnation ;
l'eau qui n'atterrit que pour coloniser la terrre et domestiquer
le roc.
C'est le territoire du retour
éternel aux origines de notre mémoire d'amphibien.
La fondrière matricielle. Le sas de décompression
entre l'abyssale Atlantide et les ivresses oxygénées.
Une légère secousse
de la main de Neptune, un coup d'épaule sismique de Vulcain,
et tout ceci retournerait au roseau, à la salicorne, à
l'aster, aux volubilis et à l'euphorbe, sous l'œil gourmand
des foulques, des hérons, des martins-pêcheurs et
des poules d'eau. Cérès elle-même n'y trouverait
rien à redire ; c'est aussi son domaine.
Plutôt qu'une île,
Venise est un conglomérat d'îles et îlots
aux formes tarabiscotées, qui se lovent les unes dans
les autres, font le dos rond, lascives et compliquées.
Et cet archipel, en mosaïque tient lieu de pendentif au
large collier enrichi de joyaux plus modestes, et ponctué
par ce pectoral : le Lido.
☐ pp. 40-41
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