Pierre Gope

La parenthèse, suivie d'un entretien avec l'auteur par Anne Bihan

Traversées - Théâtre

Nouméa, 2005
bibliothèque insulaire
   
édité en Nlle-Calédonie
parutions 2005
8ème édition du Prix du Livre Insulaire (Ouessant 2006)
ouvrage en compétition
La parenthèse [suivi d'un entretien avec l'auteur par Anne Bihan] / Pierre Gope. - Nouméa : Éd. Traversées (Théâtre), 2005. - 67 p. ; 21 cm. - (Théâtre).
ISBN 2-9521847-3-9

NOTE DE L'ÉDITEUR : Dans le jardin qui entoure la Maison, un terrible déracinement se prépare. Le Jardinier parviendra-t-il à convaincre de l'absurdité d'un tel acte ? Toutes les plantes trouveront-elles un chemin de paix pour vivre et grandir en harmonie ? Y parviendront-elles sans reconnaître au plus vieux des arbres son rôle de socle du monde nouveau à construire ?

Une parabole dont la langue renvoie à la radicale étrangeté de toute littérature.
       
Pierre Gope a grandi dans une tribu de Pénélo. Atteint de dyslexie, il est déscolarisé en CM2. Passionné par l'histoire et les origines de son pays et de ses coutumes, il se lance, en 1990, dans un périple dans la Calédonie afin d'enquêter sur les origines du peuple kanak. En 1991, il assiste à une répétition du groupe Koteba, une compagnie de théâtre africaine dirigée par Suleiman Koly : c'est pour lui une révélation. Après cette rencontre, il quitte pour la première fois sa terre natale en direction d'Abidjan en compagnie du metteur en scène ivoirien.
Dans la suite de son apprentissage, il travaillera avec Peter Walker et Peter Brook à Rennes. C'est en 1990 qu'il fonde sa propre troupe appelée la Compagnie Cebue. Deux ans plus tard, en 1992, il écrit sa première pièce de théâtre intitulée, “ Wamirat, le fils du chef de Pénélo ” où se mélangent le français et le nengone, sa langue maternelle. Avec cette œuvre et toutes celles qui suivront, Pierre Gope invente un théâtre contemporain kanak associant les cultures kanak et océanienne ; il y joue avec l'humour et la poésie pour mettre en lumière des sujets sérieux remettant en question le monde actuel et la situation en Nouvelle-Calédonie. — Source : Académie de l'Union, Ecole supérieure professionnelle de théâtre du Limousin [en ligne]
EXTRAITS
de l'entretien avec
Pierre Gope

Anne Bihan : Quel est le contexte d'écriture de « La parenthèse » ?

Pierre Gope : Il y avait une urgence. Quelque chose qui me tenait à cœur et que je voulais dire, haut, fort, tout de suite.
[…]
Il y avait l'urgence de crier haut, sans attendre, que cette « maison » est le don du sang et que si c'est le prix du sang, c'est notre maison, c'est ma maison à moi. Et si on m'en ferrme les portes, je souffre énormément. Parce qu'elle est cette maison des richesses, mes richesses, et que les richesses de cette terre doivent en sortir.

A.B. : Qu'entendez-vous par la « maison » ?

P.G. : C'est le Centre culturel Tjibaou. Mais c'est aussi le pays. Le Centre a été mis là, et il y a une question pour moi sur le sens de tout ça. Il ne vient pas de nulle part. Il est un cadeau, le cadeau du sang, ou s'il ne l'est pas, qu'est-ce que c'est alors ?

A.B. : Pourquoi ce titre, « La parenthèse » ?

P.G. : Parce qu'écrire ce texte est une sorte de parenthèse. Une interrogation sur la culture qui arrive au milieu des autres textes que j'ai écrits, avec l'urgence de s'arrêter un peu pour réfléchir à ça. La première image pour moi dans l'écriture, c'est l'entrée du Jardinier. Le Jardinier entre dans la maison, dans cette maison. Dès le début, je voulais parler de cette maison. Il y avait cette image comme entre parenthèses, avec un grand point d'interrogation à l'intérieur. Je m'interrogeais sur le pourquoi du contenu de cette maison et pourquoi le Jardinier doit planter là, faire son jardin là. Est-ce que c'est pour fleurir autour de la maison ? Est-ce que c'est pour entretenir les plantes et les porter à l'intérieur de la maison ? Et s'il fait un pas à l'intérieur de la maison, qu'est-ce qu'il aura à y gagner, et qu'est-ce qu'il aura à y perdre ?
[…]
Dans cette histoire, tout le monde se cherche. Dans le jardin, dans la maison, dans le pays, tout le monde se cherche, et tout le monde se demande comment faire parce que l'esprit de discernement est perdu.
[…]

A.B. : Le thème de la fidélité à la tradition et la coutume, à la mémoire, à l'héritage, est très présent dans votre théâtre. Ne craignez-vous pas que cela conduise à vous considérer comme un auteur fermé sur sa culture ?

P.G. : Il y a beaucoup de malentendus. J'essaie juste de voir clair. D'un côté, je dis que la tradition, la coutume, comme nos langues, ne doivent pas disparaître, parce qu'alors on fait disparaître un monde. Mais dans le même temps, il y a l'idée de quelqu'un qui n'est pas tourné vers le passé, qui est là simplement, aujourd'hui, en train de regarder devant lui, de se demander comment il va s'y prendre pour combiner les deux. Je veux renvoyer à la nécessaire attention à la coutume, au pays, à ce qu'il est, et dans le même temps, projeter devant.

[…]

pp. 57-59

COMPLÉMENT BIBLIOGRAPHIQUE
  • « Où est le droit ? Okorentit ? », Nouméa : Grain de sable, 1997, 2003
  • « S'ouvrir », Nouméa : L'Herbier de feu, 1999
  • « Le dernier crépuscule », Nouméa : Grain de sable, 2001
  • « The last nightfall », Nouméa : Grain de sable ; Suva (Fiji) : Institute of Pacific studies, 2002
  • « Les dieux sont borgnes » avec Nicolas Kurtovitch, photographies d'Eric Dell'Erba, Nouméa : Grain de sable (Paroles en scène), 2002
  • « Les cris de nos silences », Nouméa : Académie des langues kanak, 2009
Sur le site « île en île » : dossier Pierre Gope

mise-à-jour : 8 février 2013

Pacific Book'In Distribution
(catalogue en ligne de livres édités en Nouvelle-Calédonie)
   ACCUEIL
   BIBLIOTHÈQUE INSULAIRE
   LETTRES DES ÎLES
   ALBUM : IMAGES DES ÎLES
   ÉVÉNEMENTS

   OPINIONS

   CONTACT


ÉDITEURS
PRESSE
BLOGS
SALONS ET PRIX