Jean-Marc Pidjo

Le mwa teâma mwalebeng et le fils du soleil : organisation de l'espace foncier kanak en pays mwalebeng

Le Rocher-à-la-voile / Éd. du Cagou

Nouméa, 2003

Le mwa teâma mwalebeng et le fils du soleil : organisation de l'espace foncier kanak en pays mwalebeng / Jean-Marc Pidjo ; préface de Jean Guiart. - Nouméa : Le Rocher-à-la-voile ; Éd. du Cagou, 2003. - 207 p. : ill., cartes ; 21 cm. - (Essais pour servir à l'intelligence de notre temps, 2).

NOTE DE L'ÉDITEUR : Jean-Marc Pidjo a quarante ans. Originaire de Pouébo, dont il a été le maire, il y a vécu toute son enfance et la plus grande partie de sa vie d'homme.

Sa vocation actuelle, qui l'a amené à préparer, sous la direction de Philippe Missotte, un DHEPS (Diplôme des Hautes Etudes de Pratiques Sociales), au Collège Coopératif et à l'Université Paris II, Sorbonne nouvelle, qui sanctionne ce travail, l'a amené à étudier le détail des facteurs dont l'ignorance freine ou empêche tout développement économique. D'où ce regard compétent et lucide sur sa propre société.

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Militant politique, Jean-Marc Pidjo a appris à connaître le contexte colonial jusque dans les détails de son histoire appliquée aux lieux où il vivait. Les archives des débuts de la mission et les publications portant sur les évènements dans la région l'ont aidé. Ce capital de données lui permettait de mieux situer des faits ressortant des discussions les plus anodines. À cet éclairage, il a pu ajouter d'autres informations se situant au-delà de la période coloniale, et relevant de la tradition orale propre du mwa teâma ¹ de Pouébo.

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1. chefferie, Cf. ci-dessous.

JEAN-MARC PIDJO : Ce recueil constitue le premier volet d'une recherche portant sur la question foncière en pays kanak. L'étude actuelle couvre une « chefferie » de la partie nord de la Grande Terre, la Nouvelle-Calédonie proprement dite. Elle est le résultat de plus de trois années d'enquête et d'un travail en collaboration avec de nombreuses autres personnes plus particulièrement qualifiées.

[…]

L'objectif de cette recherche était de comprendre la société kanake, et cela surtout dans le domaine foncier. Cela implique de savoir quelle est l'organisation de cet espace foncier mwalebeng. Il fallait commencer par l'étude de l'implantation des clans dans ce même pays mwalebeng. On a imaginé d'y procéder par le biais d'un recensement généalogique et d'une première lecture du « mythe » d'origine. L'objectif est l'approche du foncier avant l'arrivée de la colonisation, à savoir la structure de la chefferie mwalebeng, le mwa téâma.

Ce terme de mwa téâma désigne dans les langues du nord de la Grande Terre ce que l'on a coutume de nommer la « chefferie ». Le « fils du soleil » est le nom s'appliquant au premier peuplement du pays de Pouébo. Notre propos distinguera le pays de Pouébo, le district administratif ou la « réserve » du même nom, et la commune de Pouébo qui est l'institution moderne regroupant plusieurs « districts » : au sud, celui de Jawe, au centre, celui de Pouébo même et au nord, celui de Balade. […] Mwalebeng est le nom que se donne la chefferie au centre. Il signifie « les gens d'en bas » dans la langue parlée locale, le Caac.

Un recensement généalogique a permis d'accumuler une masse de données importantes portant sur la société traditionnelle kanake, et de formuler une hypothèse de décryptage du mythe « fondateur ». La recherche de textes anciens a paru nécessaire pour confirmer ou infirmer l'hypothèse retenue. Le choix fait est double, en ce qu'il a porté à la fois sur les toponymes et sur ce que l'on a coutume de désigner par les termes de « contes » et « légendes ». Le lecteur se verra proposé parallèlement d'approcher les principes du système foncier au travers de l'étude du nom, le yat, en tant que résumé de l'identité kanake.

Avant-propos, pp. 19, 22-23

EXTRAIT DU LEXIQUE

• Mwa : maison, groupe d'hommes, peuple
• Teâ : fils aîné
• Teâma : chef, fils aîné attitré
• Yat : nom