NOTE DE L'ÉDITEUR : Mayotte Capécia [Lucette Céranus-Combette, 1916-1955], victime d'une
« exécution sommaire » de la part
de Frantz Fanon 1, est restée jusqu'à nos
jours une sorte de pestiférée de la littérature
antillaise.
Christiane
Makward ne se contente pas de retracer le portrait de cette
mal-aimée ; plus que de la réhabiliter comme
auteur, elle révèle ses exceptionnelles qualités
de femme. En effet, ce n'est pas le moindre paradoxe de cette
étude que de déposséder en grande partie Mayotte
Capécia de ses qualités d'écrivain, notamment en
soulignant son analphabétisme initial, pour, finalement,
découvrir une métisse martiniquaise issue d'un milieu
populaire, qui, comme tant d'autres, et mieux que d'autres, a
été capable de défier sa condition.
A l'image d'une femme séduisante,
mais « aliénée », soumise
à la fois au mâle et au Blanc, cette étude,
fondée sur des documents jusqu'à présent
tenus secrets, substitue celle d'une femme courageuse, soucieuse
avant tout de dignité et d'indépendance. L'insignifiante
Mayotte, née de l'ignorance et des préjugés
fanoniens, cède la place à une véritable
héroïne, pendant du « Ti-Jean »
créole, à la fois rusée, pragmatique et
obstinée, dotée d'une ambition que seule la mort
parvient à anéantir. ❙ Christiane (Perrin)
Makward est professeur
de littérature française contemporaine à
l'Université d'Etat de Pennsylvanie (USA). Avec Madeleine
Cottenet-Hage, elle a dirigé le Dictionnaire littéraire
des femmes de langue française, de Marie de France à
Marie NDiaye (Karthala-ACCT, 1996).
1. | Dans « Peau noire,
masques blancs », Paris : Seuil,
1952 |
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COMPLÉMENT BIBLIOGRAPHIQUE | - Mayotte Capécia, « Je suis Martiniquaise », Paris : Corrêa, 1948
- Mayotte Capécia, « La Négresse blanche », Paris : Corrêa, 1950
| - « Relire
Mayotte Capécia, une femme des Antilles dans l'espace colonial
français » (contient : Je suis martiniquaise
et La négresse blanche) introduction par Myriam Cottias et
Madeleine Dobie, Paris : Armand Colin (Documents), 2012
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