| […] Le passage d'Ouessant Le passage d'Ouessant, c'est la trace sans
âge. La soif permanente des matins me fait aimer labrièveté des crépuscules.
 Mais le bruit de la mer est incessant. C'est quand
 le silence ?
 
Il est long
ce voyage, il poursuit les passagerssans billet.
 Elle est rude cette traverse entre les rochers de
 la pensée suffocante en un rythme à deux
 temps quelques fois en balance aérienne, mais
 souvent, à trois notes, dans
l'écartèlement
 trachéal, la voix brûlée par le sable
des jours.
 […] A Ouessant, tout le monde descend, disait lefacteur qui portait les colis.
 A Ouessant, tout le monde attend, ajoutait le
 voyageur qui regardait l'oiseau se poser sur une
 petite maison aux volets bleus.
 Ils marchent … Ils marchent nulle part sur des routes
où jamais lebitume ne viendra recouvrir les pas.
 […] ☐ pp. 21-23 |