Miguel Abensour

L'utopie de Thomas More à Walter Benjamin

Sens & Tonka - 10/Vingt

Paris, 2000
bibliothèque insulaire
   
utopies insulaires
L'utopie de Thomas More à Walter Benjamin / Miguel Abensour. - Paris : Sens & Tonka, 2000. - 211 p. ; 20 cm. - (10/vingt).
ISBN 2-910170-88-8
Au début du XVIe siècle, Thomas More invente avec “ L'Utopie ” un nouveau dispositif rhétorique qu'il met au service d'une intervention inédite dans le champ politique ; dans la première moitié du XXe siècle, Walter Benjamin, aiguillonné par la lecture de Fourier et de Blanqui 1, exprime l'urgente nécessité de l'éveil face à la catastrophe.

En confrontant ces moments forts de la pensée utopique, Miguel Abensour éclaire les parcours de deux penseurs majeurs également engagés dans les combats de leur temps, renouvelle heureusement le regard porté sur un genre méconnu en soulignant la violence critique dont il est investi, et montre que la pensée utopique est toujours d'actualité.

“ Le guetteur de rêves à la manière de W. Benjamin ? Celui qui, sans repos, lutte pour arracher l'utopie au mythe, celui dont la vigilance sait percevoir la petite faille, la brèche par où s'engouffrer pour s'arracher au sommeil et connaître le réveil. Le guetteur de rêves devenu pêcheur de perles nous laisse en dépôt cette maxime : tant que nous aurons à la bouche le mot utopie, l'impératif du sauvetage se fera entendre. ” — p. 211
       
1. Auguste Blanqui, « L'éternité par les astres : hypothèse astronomique », Paris : Germer Baillière, 1872
EXTRAIT Paradoxe de l'utopie : c'est grâce à l'extériorité — Utopus le fondateur a délibérément coupé l'utopie du continent —, grâce à cette séparation qui est absence de rapports, mise entre parenthèses de l'opinion, que l'auteur de L'Utopie pourra instaurer un rapport inédit entre la luminosité de l'utopie, sa clarté, et l'opacité de notre monde. L'insularité, ce pas hors du continent, le choix du non-lieu — nusquama-nowhere —, est ce qui permet de jeter une fragile passerelle entre les deux. Ce qui nous fait entendre de nouveau la parole du poète Paul Celan, à propos de l'utopie : “ Un pas hors de l'homme — mais se portant dans une sphère dirigée vers l'humain, excentrique ”, commentée par Emmanuel Levinas dans Noms Propres 1. Qu'est donc l'espace littéraire, la fabulation utopique si ce n'est la voie détournée même, in actu, destinée à surprendre les préjugés, à les contourner de biais pour s'ouvrir les cœurs endurcis, susciter l'éveil d'esprits engourdis.

pp. 78-79
       
1. « De L'Être à L'Autre » in Noms Propres, Montpellier : Fata Morgana, 1976 (p. 63)
COMPLÉMENT BIBLIOGRAPHIQUE
  • Miguel Abensour, « L'utopie de Thomas More à Walter Benjamin - Utopiques III » nouv. éd. revue par l'auteur, Paris : Sens & Tonka, 2009, 2016
  • Miguel Abensour, « Le procès des maîtres rêveurs - Utopiques I » nouv. éd., Paris : Sens & Tonka, 2013
  • Miguel Abensour, « L'homme est un animal utopique - Utopiques II » nouv. éd., Paris : Sens & Tonka, 2013
  • Miguel Abensour, « L'utopie de Thomas More à Walter Benjamin - Utopiques III » nouv. éd., Paris : Sens & Tonka, 2016
  • Miguel Abensour, « L'histoire de l'utopie et le destin de sa critique - Utopiques IV », Paris : Sens & Tonka, 2016

mise-à-jour : 27 avril 2017
Miguel Abensour,
philosophe révolté né dans les Pyrénées en 1939, est mort à Paris le 22 avril 2017.
L'utopie désignait à ses yeux une voie vers l'émancipation et la liberté.

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