L'île aux oiseaux
de fer / André Dhôtel. - Paris : Grasset, 2002.
- 126 p. ; 19 cm. - (Les Cahiers rouges).
ISBN 2-246-1710-4
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NOTE DE L'ÉDITEUR : Voici un récit de contre-utopie.
Un jeune-homme, Julien Grainebis, incrusté dans sa province
où il fait commerce de bois, s'embarque comme steward
sur un paquebot. Jeté à l'eau par un plaisantin,
il échoue à la nage sur une île survolée
par des oiseaux au plumage de fer, au bec couleur d'argent, aux
yeux de verre.
Dans cette île, tout est
propre et net. […] Ici, ânonnent les habitants, « nous
supprimons dès leur naissance tous les sentiments inutiles
(…). Rien n'existe pour nous que la pureté des jours.
Pas d'amour. L'homme, la femme, le ciel, le temps nous suffisent ».
Seule la jeune psychologue Irène est sensible au charme
de Julien. Mais Julien est retenu dans cette prison dorée
où les machines commandent et questionnent. Comment parviendra-t-il
à fuir, à rejoindre son village en emmenant Irène ?
Peut-être en racontant aux machines une petite histoire
d'amour, qui les inquiètera, les déréglera.
Car la technique ne sait répondre aux énigmes du
destin, de la beauté.
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NICOLAS D'ESTIENNE D'ORVES : […]
Sorti un an après son
livre le plus célèbre, Le Pays où l'on
n'arrive jamais (prix Femina 1955), L'Île aux oiseaux
de fer est une parabole désenchantée sur le
monde moderne, dans lequel un jeune steward de paquebot échoue
sur une île habitée par des robots et des humains
dénués de tout sentiment. Entre Lewis Carol, Barjavel
et Tati, cette fable, avec son lyrisme parfois un peu fade, n'en
est pas moins curieusement prophétique.
☐ Le Figaro littéraire, 25 juillet 2002
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EXTRAIT |
Julien regardait de tous ses
yeux la campagne. Vaste défilé de cultures :
cannes à sucre, dioscorées et d'autres plantes
inconnues. Pas un arbre. A peu près aucune herbe sauvage.
Pas de friches ni de lieux vagues. Les récoltes devaient
se faire par des procédés rapides. Les compagnons
de Julien dans le car regardaient cette campagne qui leur était
familière, avec une attention plus vive que Julien lui-même,
et il s'attacha, comme il l'avait fait tout à l'heure
sur la terrasse, à observer ces étranges regards.
Une grande beauté dans
tous les yeux, et cette langueur qui repose au fond des prunelles
des Tahitiens et de maints habitants des terres tropicales. Une
pensée à jamais inconsciente venue de plus loin
que le monde. Mais de temps à autre une lumière
vive, presque agressive, comme si les yeux surprenaient ou cherchaient
à surprendre un détail secret du paysage.
☐ pp. 52-53
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mise-à-jour : 19 mai 2017 |

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