« lettres des îles », décembre 2001
les prix de la rentrée
   

Les prix traditionnellement décernés à l'occasion de la « rentrée » littéraire ont, cette année, mis au premier plan de belles illustrations de la « littérature insulaire », soulignant la vitalité et la diversité d'un genre qui ignore les découpages administratifs, politiques et linguistiques.

On trouve, dans cette sélection, les deux versants constitutifs de l'expression littéraire de l'insularité ; certaines oeuvres sont écrites par des insulaires (V.S. Naipaul, Keith Ridgway) et témoignent du regards qu'ils portent sur leur monde et — plus généralement — sur le monde; d'autres sont écrites par des écrivains du continent (Marie NDiaye, Antonio Skarmeta) qui dirigent leurs regards — et orientent ceux de leurs lecteurs — vers le monde des îles.

Cette confrontation fonde la richesse de la littératures insulaires.

Dans ce contexte, la longue confession de V.S. Naipaul, prononcée à l'ouverture des cérémonies du Prix Nobel de littérature 2001, présente un intérêt particulier. On sait que Naipaul, né à Trinidad en 1932, a quitté son île de longue date et refuse d'être tenu pour un écrivain des Antilles où, dit-il, « rien de grand n'a jamais été créé » (propos rapporté par Jean-Pierre Naugrette, Le Monde, 15 octobre 2001). Or, dans son allocution du 7 décembre à Stockholm, Naipaul expose l'étroite relation maintenue avec son enfance insulaire ; cette genèse trinidadienne irradie l'ensemble de son oeuvre. Cet aveu implicite provient d'un transfuge du monde des îles — le paradoxe n'est qu'apparent.

Par un heureux hasard de l'actualité, vient de paraître récemment une élégante évocation du mythe insulaire — Le Conte de l'île inconnue — sous la plume du prix Nobel de littérature 1998, José Saramago, Portuguais retiré à Lanzarote aux Canaries.

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