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NOTE DE L'ÉDITEUR : Dans Une obscure attente, première partie de la Trilogie du bord du monde, deux hommes, Raven Sérandon — jeune Européen réfugié de Vanuatu au moment de l'indépendance et devenu gardien d'une immense propriété en Nouvelle-Calédonie — et Egon Lévine — vétéran Américain de la Seconde Guerre mondiale — comprennent un peu tard qu'ils agissent dans la même histoire.

Monsieur Giovarelli, deuxième volet de la Trilogie, conte l'histoire du retour en Métropole, après des décennies d'absence, de celui que l'on devine être l'auteur d'Une obscure attente. Petit à petit, il remonte le fil du passé jusqu'au meurtre qui l'obligea à fuir de l'autre côté de la Terre.

Dans Scolopendre, dernier volet de la Trilogie, Primo Sorgue se rend avec femme et enfant en Nouvelle-Calédonie pour y enterrer son frère, auteur de Monsieur Giovarelli. Ses problèmes personnels et le passage d'un cyclone laissent Primo face à lui-même et surtout face à un étrange personnage qui pourrait bien être l'assassin du frère haï. La Trilogie nous emmène par trois fois, géographiquement et humainement au bord du monde.

EXTRAITS	A son âge, il savait que la plupart des actes qui s'affichent en nous sont des actes que nous n'avons jamais pu rattraper, une fois commis. Des actes ! Plutôt des stigmates, un signe d'hérésie, une marque au fer rouge en nos chairs profondes. Le plus terrible était cette impuissance à comprendre le passé, à l'accclimater, à l'accepter, à le laisser sédimenter en soi. ☐ Une obscure attente, p. 92
	Il avait quitté l'île et ne le regrettait pas encore. L'aéroport restait une porte ouverte vers ce bout de terre où il venait de passer plus de quarante ans. Il avait commencé à détester l'île bien avant le coup de téléphone de Pauline. Un violent désir de saisons, de fraîcheur, de printemps, de limpidité de l'air, de remugles d'automne, de brume qui stagne sur les lacs, de pincements du vent glacé était apparu et l'avait envahi depuis qu'il avait franchi le cap de la quarantaine. Ce cap à partir duquel le Moi s'effiloche au contact du paradis. Entendre le frottement des feuilles mortes balayées par le vent sur le bitume. Voir les bois se couvrir des premières neiges. Là-bas le ciel était toujours d'un bleu dur, presque décevant. ☐ Monsieur Giovarelli, p. 181
	En roulant vers le lotissement de l'Internat, ils virent les couleurs du couchant se répandre à travers le ciel, gravir le Koniambo avant de tomber dans les gris. La lumière du jour s'amincissait, aquarellisait le paysage, lui donnant l'allure d'un reflet dans une flaque d'eau immobile. Une gamine les attendait devant le portail ouvert. Elle s'approcha de la voiture et attendit qu'ils sortent. « Je m'appelle Cynthia Devereux, dit-elle. Je suis une élève de Monsieur Sorgue. — Salut, Cynthia. Et que pouvons-nous pour toi ? Elle hésita. C'était une jolie adolescente d'une quinzaine d'années certainement métisse, aux yeux doux, les cheveux nattés, la peau dorée. Elle portait une robe noire près du corps et des chaussures en toile blanche. Ses mollets étaient un peu forts. « J'aimerais garder quelque chose en souvenir de mon professeur. — Viens, rentre. » ☐ Scolopendre, p. 347