L'île du lézard vert / Eduardo Manet. - Paris : Flammarion, 1992. - 401 p. ; 22 cm.
ISBN 2-08-066593-6
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NOTE DE L'ÉDITEUR
: L'île du lézard vert, c'est Cuba à la fin des
années quarante. Un Cuba qui ne correspond ni à l'image
qu'en donnèrent les procastristes (« bordel de
l'Amérique ») ni au tableau idyllique qu'en font les
exilés nostalgiques.
Le héros du roman est un jeune étudiant qui, au cours de
trois étés (1948, 1949 et 1950) perd successivement
plusieurs pucelages. Il devient l'amant d'une femme plus
âgée que lui, Gipsie. Par l'intermédiaire de son
meilleur ami, « Lohengrin », d'origine juive, il
se mêle de politique et se rapproche du Parti communiste. Il est
finalement dégrisé et comprend, dans la douleur, qu'il a
été abusé.
Ce qui fait le charme de ce livre, c'est sa truculence et son poids
d'images fortes, déconcertantes. Le Cuba d'alors est un
incroyable melting-pot, un pays fou où se rencontrent des
éléments venus d'Europe, d'Afrique et des Etats-Unis. Les
personnages sont attachants et excessifs : la mère du
héros, jalouse et ardente, son père, un grand journaliste
et un séducteur, la snob excentrique, tous font penser à
la tradition du roman picaresque espagnol.
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EXTRAIT |
Tout petit, je me souviens, je demandais à ma mère :
— Cette ligne là-bas contre le ciel, est-ce que c'est ça qu'on appelle l'infini, maman ?
Et, chaque soir,
je revenais sur le Malecon contempler cette ligne magique qui
représentait pour moi la liberté. Là-bas,
au-delà de cette ligne se trouvaient d'autres terres, un autre
monde, différent du nôtre.
Ce soir, j'essaie
de faire revivre en moi ce sentiment, mais je n'y parviens pas. Il est
mort, définitivement, avec mon adolescence. C'est
irréversible, je le sais. Quelque chose s'est brisé pour
toujours et cette évidence m'angoisse.
[…]
Je me vois
faisant le tour de l'île à pied en longeant la côte,
de La Havane à Punta Maïsi, de Maïsi à Cabo San
Antonio en Pinar del Rio, de Pinar del Rio à La Havane, pour
revenir à cet endroit précis du Maledon.
Soudain cette
bande de terre encerclée par la mer qu'on appelle Cuba, cette
île en forme de caïman, ce lézard vert endormi sur
l'eau bleue au milieu d'un archipel entre deux continents, soudain Cuba
n'est plus mon amour d'enfance, l'infini, la liberté. Cuba est
une île. C'est ma prison.
☐ pp. 400-401 |
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COMPLÉMENT BIBLIOGRAPHIQUE | - « L'île du lézard vert », Paris : Seuil (Points roman, 672), 1994
| - « Habanera », Paris : Flammarion, 1994
- « Rhapsodie
cubaine », Paris : Grasset, 1996 ; Paris :
Librairie générale française (Le Livre de poche,
14412), 1998
- « D'amour et d'exil »,
Paris : Grasset, 1999 ; Paris : Librairie
générale française (Le Livre de poche, 15030), 2001
- « La sagesse du singe », Paris : Grasset, 2001 ; Paris : Librairie générale française (Le Livre de poche, 15466), 2003
- « Mes années Cuba », Paris : Grasset, 2004 ; Paris : Librairie générale française (Le Livre de poche, 30687), 2006
- « La maîtresse du commandant Castro », Paris : Robert Laffont, 2009
- « Un Cubain à Paris », Paris : Ecriture, 2009
- « Les trois frères Castro », Paris : Ecriture, 2010
| - Enrique Serpa, « Contrebande » présentation par Eduardo Manet, Paris : Zulma, 2009
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mise-à-jour : 24 septembre 2010 |

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