Le voyage de La Korrigane
/ Charles van den Broek d'Obrenan ; préface de Paul
Valéry. - Paris : Payot, 1939. - 260 p.-[32] p.
de pl. : carte ; 23 cm. - (Bibliothèque
géographique).
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J'ai réuni,
dans ce volume, l'ensemble des notes prises au jour le jour pendant
notre voyage autour du monde, en insistant plus particulièrement
sur la partie de ce voyage pendant laquelle nous avons visité
les îles les moins connues du Pacifique.
Je me suis appliqué à présenter au public
une documentation précise, tout en évitant les
observations d'un caractère purement technique ;
et mon but est simplement d'essayer d'intéresser les lecteurs,
tout en leur donnant le goût des voyages et de l'Ethnologie.
Charles van den
Broek d'Obrenan
Paris, 5 juillet 1939
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PAUL VALÉRY : […] C'est dans le Pacifique, constellé
de tant d'îles, que l'on trouve le plus de spécimens
de la vie primitive de groupes humains enfermés depuis
des siècles et réduits à leurs ressources
locales, à leurs créations propres, à leurs
habitudes que rien n'a troublées ou déconcertées,
et qui se sont faits naïvement ce qu'ils sont : cannibales,
idolâtres, voluptueux ou farouches.
Cependant, chaque jour rend plus
précaire l'existence de ces réserves insulées.
La turbulence des civilisés gagne rapidement toute l'étendue
du globe, et l'exploite, et l'équipe, et l'unifie. Au
contact de nos manières d'agir, de sentir ou de produire,
et sous la puissante influence de nos méthodes et de nos
volontés trop bien armées, les mœurs, les goûts
se modifient ; les singularités s'effacent ;
les êtres eux-mêmes s'avilissent et résistent
mal aux tentations et aux poisons que nous leur apportons, car
nous leur sommes, en vérité, quelles que soient
nos intentions, de redoutables porteurs de germes.
Pour sauver quelque chose de
ces formations de la vie qui périclitent, il faut donc
se hâter de les observer, et recueillir ce qui demeure
d'intact et de sincère dans leurs attitudes, leurs usages
et leurs procédés.
Ce fut là l'objet de la
petite expédition qui, du 26 mai 1934 au 14 juin 1936,
alla de Marseille à Marseille par le tour de la terre,
qu'il vaudrait mieux nommer le tour de la mer. Elle montait un
brick-goélette de deux cents tonnes, un de ces navires
en bois des morutiers d'Islande, qui sont d'une tenue admirable
par tous les temps, et qui permettent des passages, des accostages
et des mouillages qu'un grand flotteur d'acier n'affronterait
pas. Sous le commandement du Comte Etienne de Ganay, cette Korrigane
se tire à merveille d'une navigation scabreuse dans
des parages mal éclairés, où ne manquent
ni les surprises de corail, ni les incertitudes sur les atterrissages.
L'Atlantique traversé,
l'isthme de Panama franchi, l'exploration commence. Les îles
Galapagos, les Marquises, Tahiti sont visitées. Puis,
un peu de Nouvelle-Zélande ; puis les Fidji, les
Loyalty. Enfin, après la Nouvelle-Guinée, Bâli
et les possessions anglaises d'Asie.
Je viens de lire le récit
de ce magnifique voyage, rédigé par M. Charles
van den Broek d'Obrenan. Je ne puis me tenir d'en faire à
l'auteur les compliments les plus véritables.
[…]
☐ Préface, pp. 5-6 |
SOMMAIRE
(résumé) |
Préface
- De Marseille aux îles
Marquises
- La Korrigane aux îles Marquises, Tahiti, Mooréa,
Îles-sous-le-Vent
- Relâche en Nouvelle-Zélande
- Les îles Fidji
- La Nouvelle-Calédonie
et les îles Loyalty
- Les Nouvelles-Hébrides
- Les îles Salomon et dépendances
- Rennell, une des îles
du monde les moins visitées
- Des îles Salomon aux îles
de l'Amirauté
- Chez les chasseurs de têtes
du Sépik (Nouvelle-Guinée)
- De Madang à Bali
- Sur la route du retour
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE
- Christian Coiffier (dir.), « Le
voyage de La Korrigane dans les mers du Sud »
[catalogue de l'exposition : Paris, Musée de l'homme,
5 décembre 2001 au 3 juin 2002], Paris : Hazan :
Musée de l'homme : Muséum national d'histoire
naturelle, 2001
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mise-à-jour : 6 septembre 2005 |

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