PAUL AHNNE : Fred Rebell, ancien étudiant letton fixé en Australie, avait fait à peu près tous les métiers, sauf celui de marin, avant de s'embarquer seul sur un canot de six mètres, non ponté. Ses connaissances de la navigation il les avait acquises dans les livres et ses principaux instruments nautiques, y compris son sextant, il les avait fabriqués lui-même. Malgré cela il réussit, en 1934-1935, la traversée du Pacifique de Sydney à Los Angeles, soit dix-sept mille kilomètres, en cinquante-trois semaines. Ses principales escales furent les Fidji, les Samoa, Christmas et Honolulu.

Son aventure maritime se double d'une expérience spirituelle et sociale. C'est en effet, après avoir échappé miraculeusement à plusieurs tempêtes, que d'athée il devint croyant. On peut ne pas s'en étonner si l'on songe à l'inconscience avec laquelle il s'était élancé sur l'océan et à ses méthodes de navigation d'un empirisme à faire frémir. C'est ainsi, par exemple, qu'il manqua une île des dimensions de la Nouvelle-Zélande et qu'il lui arriva souvent de se diriger vers la terre en suivant le vol des oiseaux.

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JEAN MERRIEN : Ne possédant pas les cartes du Pacifique, [Rebell] « envoyait son âme en avant » pendant la nuit ; celle-ci lui disait, au retour, dans quelle direction se trouvaient des îles (dont il ignorait même le nom, minuscules comme on sait) et … elles y étaient. Chegaray et Villaret racontent une histoire analogue, toute récente, d'un marin polynésien […]. En ajoutant ces deux expériences, on en vient à se demander si la colonisation des îles, parfois effroyablement lointaines (comme l'île de Pâques) par les Polynésiens n'était pas faite en prenant pour base des méthodes psychiques de ce genre.