Marguerite Yourcenar

Les yeux ouverts, Entretiens avec Matthieu Galley

Librairie générale française - Le Livre de poche, 5577

Paris, 1990

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des femmes et des îles
N.E. of America
Les yeux ouverts, [entretiens avec Matthieu Galley] / Marguerite Yourcenar ; préface de Matthieu Galley. - Paris : Librairie générale française, 1990. - 319 p. ; 17 cm. - (Le Livre de poche, 5577).
ISBN 2-253-02825-5

Marguerite Yourcenar tenait de son père, Michel de Crayencour, un adage dont elle aurait pu faire sa devise : « On n'est bien qu'ailleurs ». Toujours errante, elle avait pourtant un ancrage sur l'île des Monts-Déserts (Maine) où elle était arrivée pour la première fois en 1942, et où elle a trouvé la mort en 1987, presque cinquante ans plus tard.

Un chapitre — Une île en Amérique, pp. 127-137 — évoque l'île des Mont-Déserts et, plus généralement, la place des îles dans l'univers de Marguerite Yourcenat : J'ai toujours aimé les îles. J'ai aimé l'Eubée, j'ai aimé Egine. J'ai aimé Capri (p. 127).

EXTRAIT

Je pense que si j'était restée en Europe, ou même retournée en Grèce en 40, je me serais attachée de plus en plus aux aspects formels de la littérature, parce que le milieu où je vivais était extrêmement littéraire, et je serais demeurée plus liée au passé, parce que les sites, eux aussi, étaient tous liés à la légende antique. Venue ici [sur l'île des Monts-Déserts], et mise en présence d'une réalité tout à fait différente, massive et amorphe, en quelque sorte, le changement me fut, je crois, très utile. Je ne parle pas en ce moment d'une réalité psychologique, passionnelle et personnelle, mais de la réalité, du poids lourd de la réalité brute. Descartes trouvait qu'il réussissait très bien à méditer sur les quais d'Amsterdam, parmi les gens qui roulaient des tonneaux. Je ne sais pas si ce roulement des tonneaux m'aurait beaucoup réussi ; ici, au contraire, j'ai trouvé le silence naturel, et parfois les cris des oiseaux nocturnes, le bruit de sirène d'un caboteur qui aborde dans le brouillard. J'ai dit, dans la préface à La Petite Sirène, que cette courte pièce marque le moment où la géologie, pour moi, a pris le pas sur l'histoire. Et cela rejoint quelque chose de très profond. C'est ici que j'ai commencé à m'intéresser de plus en plus au milieu naturel, aux arbres, aux animaux.

p. 130

COMPLÉMENT BIBLIOGRAPHIQUE
  • « Les yeux ouverts » entretiens avec Matthieu Galley, Paris : Le Centurion (Les Interviews), 1980

mise-à-jour : 19 juin 2012

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