Gauguin,
l'autre côté du paysage / Alain-Michel Boyer. - Nantes : Joca seria, 1998. -
110 p. : ill. ; 20 cm. ISBN 2-908929-60-0
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NOTE DE L'ÉDITEUR
: Imaginons un paysage de Bretagne méridionale, un bout du
monde, le recoin d’une société fossile. Imaginons
un peintre qui découvre cette pointe extrême des terres
occidentales. On pourrait l’appeler, par exemple, Paul Gauguin.
C'est là que se produirait l'un des tournants de
la peinture moderne, là que le spectateur d'une œuvre
aurait, comme chez Cézanne, l'illusion de passer de l'autre côté du paysage. Ce livre serait l'histoire de cette ouverture :
un récit en somme, mais qui, à l'analyse abstraite,
préférerait l'image poétique, afin de voyager au
plus près du processus de création.
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| Est-ce
ce jaune, qui parle déjà une autre langue, ou bien
n'est-il que l'annonce d'un autre jaune, à venir, à
trouver plus au sud ?
p. 65 |
Alain-Michel
Boyer décèle, dans le cheminement breton de Gauguin, les
signes précurseurs d'un au-delà de la Bretagne, devine
sous la lumière atlantique l'onde puissante d'une autre
lumière, saisit dans le regard des jeunes Bretonnes
l'œillade des filles au teint vieil or, entend dans ce qui est ce
qui pourrait être — « D'autres dieux, plus farouches ? ».
Ce livre écrit sur les bords de l'Aven et du Belon rend audible l'appel du Sud et des îles …
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EXTRAIT |
Tu
vois encore dans l'Océanie une contrée semblable aux
régions que l'on connaît par ouï-dire, ou dans les
contes, ou dans les songes, mais où jamais on ne peut se rendre,
des cantons trop lointains ou trop proches, en tout cas inaccessibles,
des terres de péril où se trouvent des saharas d'oponces,
des antarctiques de rochers flottants, une terre de filles à la
peau juste à point, elles se jettent immédiatement sur
votre lit, entre vos bras, collent leur ventre à votre ventre,
l'Océanie, un pays barbare, au large de Port-Manec'h, un pays
qui se trouverait juste derrière les arbres, par-delà la
pointe de Penquernéo, cette flèche lancée sur
l'Atlantique entre Aven et rivière de Belon. Le monde finit ici,
s'oblitère entre quelques rochers, il suffit de glisser, de
partir avec le promontoire qui se détache peu à peu de
cette terre pour aller vers l'autre visage du monde, sur une
péninsule devenue île.
Quelle est là-bas
cette ombre qui rêve à plus d'ombre ? Et cette chose
brûlante, qui tente d'accrocher des lueurs, est-ce une couleur
nouvelle, un mot inconnu ? Tu gardes sur l'épaule
l'empreinte de leur lumière.
☐ pp. 108-109 |
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COMPLÉMENT BIBLIOGRAPHIQUE | - Alain-Michel Boyer, « Logoden et autres îles », Rézé : Séquences, 1995
| CV d'Alain-Michel Boyer (mis-à-jour en mars 2013) |
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mise-à-jour : 7 décembre 2017 |

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