Histoire de l'art
[tome IV] L'art moderne [vol. 2] / Elie Faure ;
préface, établissement du texte et dossier critique
par Martine Chatelain-Courtois. - Paris : Gallimard, 1988.
- 544 p. : ill. ; 18 cm. - (Folio-essais,
66).
ISBN 2-07-032421-4
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NOTE DE L'ÉDITEUR : La réédition d'une œuvre
monumentale : L'Histoire de l'art d'Elie Faure (1873-1937).
Celle-ci est une vaste fresque qui va de la préhistoire
à l'art du début de notre siècle. Commencée
en 1909, terminée en 1927 et plusieurs fois remaniée,
elle ne comprend pas seulement les arts dits majeurs : architecture,
sculpture, peinture mais aussi des objets tels que cuves, vases
ou haches de cérémonie. Sa totale nouveauté
est d'avoir brisé les frontières entre les siècles
et les cultures pour montrer, à la fois, ce qui les différencie
et les réunit. Pour soutenir son entreprise, il introduit
un genre nouveau devenu aussitôt populaire et indispensable
aujourd'hui : le livre d'art où chaque commentaire
peut être comparé aux œuvres elles-mêmes
dans la mesure où la juxtaposition et la confrontation
des images justifient l'audace de rapprochements qui paraissent
parfois insolites. Entreprise tout à fait nouvelle à
l'époque, elle n'a été, Malraux mis à
part, ni égalée ni dépassée aujourd'hui.
Cette édition du Cinquantenaire
comporte de nombreux éléments inédits :
présentation de l'homme et de l'œuvre, dossiers constitués
de lettres, d'articles, de variantes du texte, photographies
de l'époque. Un Elie Faure qui, pour la première
fois, nous livre ses sources et qui s'en trouve, en grande partie,
renouvelé.
1500 illustrations en noir et
blanc et en couleurs. Plus de 2 000 pages de texte dont 500 de
dossier contenant de nombreux inédits permettant une lecture
absolument neuve de L'Histoire de l'art
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Elie Faure n'aime pas Gauguin,
et n'accorde qu'une place infime à sa peinture ; au tournant
du siècle il privilégie Bonnard, Picasso, Derain,
Braque, Matisse, voire Dunoyer de Segonzac et Charles Pequin.
A ses yeux, Gauguin comme, dans une moindre mesure, van Gogh,
s'est laissé « vaincre avant l'heure » …
Dans le jugement sans nuance d'Elie Faure on pense saisir l'émergence
des anathèmes à venir sur l'art dégénéré :
« L'homme puissant,
pour retrouver la joie, n'a pas besoin de fuir les villes, d'aller
vivre, avec Gauguin, chez les primitifs d'aujourd'hui — comme
les préraphaélites, victimes du même mal,
vivaient chez les primitifs d'autrefois, — et d'édifier
dans les îles lointaines des paysages brûlants dont
la sensualité tendue et confuse ne dissimule ni la minceur
ni la mollesse et qui s'arrêtent à la façade
des édifices cézanniens. »
Echec, fuite, désertion :
ces formules ont longtemps permis — aujourd'hui
encore ? — d'éviter un examen rigoureux
des escales polynésiennes de Gauguin et des ressorts à
l'œuvre dans sa course lointaine. Délaissant, comme souvent,
l'examen critique de l'œuvre, Elie Faure ne veut y voir que
le signe annonciateur d'une très prochaine déchéance
de l'Occident ; dans un essai de 1932, « Découverte
de l'archipel », cette inquiétude s'exprime
sans retenue : « il est bien certain que l'Occident
(…) ne croit plus à peu près à rien de
ce qui a fait sa puissance (…). Il a usé tour à
tour ses idoles successives, le catholicisme, le protestantisme,
le criticisme, les notions dites civiques de morale, de liberté,
de nationalité. Et le voici prêt, ou se croyant
prêt à renier l'idole scientifique et à revenir
aux dieux morts par une espèce de désespoir organique
qui prouve sa sénilité ». Noter
qu'au début du siècle, Elie Faure portait un regard plus
neutre sur l'œuvre de Gauguin en Polynésie, comme en
témoigne ce bref commentaire dont
la première publication remonte à 1904 : « Gauguin
voit sous les arbres lourds, près de la mer, dans une ivresse
sensuelle qu'appesantit le parfum des fleurs tropicales et la flamme
rouge de l'air, errer des jeunes filles nues, raides et pures, sortes
de Tanagras barbares dont la grâce est en germe dans la
bestialité. » 1 1. | « L'archaïsme scientifique », Les Arts de la vie, 1904 ; article republié sous le titre « L'archaïsme contemporain » dans Formes et forces, Paris : H. Floury, 1907. L'extrait ci-dessus est cité par Philippe Dagen, « Le peintre, le poète, le sauvage », Paris : Flammarion (Champs, 655), 2010 — p. 253. |
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE
- « L'Art moderne »,
Paris : Crès 1921
- « Formes et forces », Paris : H. Floury, 1907
- « Découverte
de l'archipel », Paris : Éd. de la Nouvelle
revue critique, 1932 ; Librairie générale
de France (Livre de poche, 5199), 1978
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mise-à-jour : 8 novembre 2013 |

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