NOTE DE L'ÉDITEUR : En 1930, à bord d'un paquebot au départ de San Francisco, Henri Matisse, âgé de soixante ans, vogue vers Tahiti. L'image de Gauguin, le besoin d'ailleurs décident de ce grand voyage. Loin de l'image décrivant le peintre s'ennuyant en Polynésie, cet ouvrage nous montre un homme dynamique, sportif qui, dès son arrivée, reçoit un choc de formes, de lumière, de couleur, et qui trouve, dans ces îles, un formidable renouvellement de son art.

Dès potron-minet, Matisse marche dans les rues de Papeete, il fait de la pirogue, vit en Robinson au bout de la presqu'île sauvage, part en goélette pour les Tuamotu où, à Fakarava et à Apataki, il nage dans le lagon avec volupté, plonge avec des lunettes en bois au milieu des coraux, des poissons, des coquillages.

Matisse regarde, observe la mer, le ciel, la nature inconnue, les feuillages baroques, les Polynésiens qu'il compare à des dieux marins. Il absorbe cette lumière océanienne, cette « pureté qui donne tant d'éclat aux couleurs ». A tous moments, il sort son carnet de croquis, ébauche, dessine, prend des notes et forge ainsi son œuvre à venir. Si Matisse ne peint qu'un seul tableau en Polynésie, son séjour influencera le reste de son œuvre et les grandes gouaches découpées de la fin de sa vie accusent cette influence.

Paule Laudon, grâce à sa connaissance de ces îles, de la famille Matisse, qui lui a donné accès aux lettres quotidiennes envoyées en Métropole, à Pauline Schyle, une Polynésienne qui accueillit le peintre à son arrivée, relate au jour le jour le séjour du peintre en Polynésie. Elle nous fait sentir la présence de Matisse à Tahiti et met en évidence l'assimilation de ces îles dans son œuvre. Cet ouvrage nous entraîne dans l'univers intime de Matisse confronté à un monde nouveau qui se révélera essentiel dans son œuvre.