Nicolas,
le pacha du Raz de Sein / Jos Nicolas. - [Angoulême] : Ed.
Aymarine, 2011. - 179 p. : ill. ; 21 cm. ISBN 978-2-7466-2635-5
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Aborder
une petite île tient parfois de l'effraction. En prenant pied sur l'île de Sein ou à Molène, on peut
éprouver le sentiment de franchir sans y avoir été
formellement invité le seuil d'un domaine familial. Il en
va de même avec certains livres relatant les faits et gestes de
collectivités de dimensions restreintes et à forte
personnalité.En évoquant la figure paternelle, l'auteur du Pacha du Raz de Sein
expose parfois le lecteur à côtoyer de près le
domaine privé. Mais c'est ainsi qu'on accède au portrait
attachant d'un homme de mer épris de liberté
— quelque soit le prix à payer. L'ouvrage ouvre
également de riches aperçus sur les tensions qui se sont
exprimées sur l'île dans l'immédiat
après-guerre : guerre des écoles, ou encore guerre des impôts
au terme de laquelle l'île renonça définitivement
au privilège fiscal dont elle bénéficiait de
longue date. On relèvera, dans l'un et l'autre cas, la
capacité des îliens à surmonter les crises et
à explorer ensemble de nouvelles voies d'avenir, au prix il est
vrai du départ, temporaire ou définitif, de quelques
irréductibles.Théâtre de ces affrontements,
le huis clos insulaire est heureusement détendu par une
tradition d'accueil dont témoignent ici quelques portraits de
visiteurs avec qui les îliens ont noué d'étroites
relations amicales : le journaliste René Pichavant, les peintres René Quéré ou Jean-Paul Jappé, le poète Georges Perros.A
noter enfin que l'auteur sait prendre le recul nécessaire
à cette chronique intime et délicate. L'argumentation qui
sous-tend le propos renvoie à René Girard, à
Bronislaw Malinowski ou à Edgar Morin, soit une utile et rare
mise en perspective.
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EXTRAIT |
Sur Sein, le travail de la terre incombe à la femme, y
compris la récolte du goémon pour enrichir la terre
très pauvre en nutriment. Point de sexisme ici mais c'est ainsi,
chacun à sa place ! Et chacun a sa place !
C'est ainsi qu'il existe des micro-cultures, sans trop savoir d'où viennent ces particularismes.
Même
entre Molène, Ouessant et Sein, il y a de grandes
différences liées à la topographie, aux
infrastructures. Tenez par exemple, pourquoi l'île d'Ouessant
(Uxella en celtique, la plus haute !) est-elle appelée
l'île aux femmes ? La raison en est très simple. A
Ouessant les côtes de par leur configuration n'offrent pas de
véritables ports propices à l'accueil des bateaux et des
marins de manière sécurisée. Les hommes sont donc
dans la marine marchande et dans la Royale. Ce sont les femmes qui
gardent la maison à l'époque où les voyages au
long cours duraient parfois un an !
Sur
Molène (« l'île chauve »), la femme
du patron est associée à toutes les tâches qui
concernent le carénage. Elle participe à la peinture et
au toilettage du bateau. Allez savoir pourquoi, sur Sein, je n'ai
jamais vu une femme faire de la peinture sur un bateau familial. Par
contre, elle récupère les restes pour peindre la maison !
Cela donne parfois des surprises de mauvais goût !
☐ p. 103 |
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE
- Jos
Nicolas Fouquet, « Île de Sein : les petites histoires
qui font la grande Histoire ! »,
[Angoulême] : Aymarine, 2013
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mise-à-jour : 23 juillet 2013 |

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