RENÉ PICHAVANT : […]
Elle se situe au centre d'une
épine rocheuse, par 48°2'5'' de latitude nord et 4°51'5''
de longitude ouest, à cinq milles et demi, une dizaine
de kilomètres, de la Pointe du Raz, ce haut-lieu touristique,
où Jean-Paul Sartre connut « son plus grand
vertige métaphysique ».
Des courants impétueux
y mènent. Ils ont donné libre cours au dicton « Nul
n'a franchi le Raz sans mal ni frayeur », ou pire
« Qui voit Sein voit sa fin » pétri
de romantisme, mais il arrive souvent de le franchir sans secousse.
Des écueils détachés d'elle bien avant le
déluge la ceinturent, la prolongent vers l'Amérique …
Là, sur huit cent mètres
en front de mer et deux cents à peine de profondeur, dans
des ruelles conçues pour y rouler, juste, un tonneau,
vivent de retraites, de pêche et, de moins en moins, de
marine marchande, trois cent cinquante-huit personnes recensées
qu'on appela « Sizunais », « Insulaires »,
dans les rapports au cours des âges avant de devenir « Sénans »,
voici très peu. Ils restent, avant et par-dessus tout,
les « Îliens », portant pour la plupart
les noms Guilcher, Fouquet, Porsmoguer, Milliner, Spinec, Menou ...
[…]
La mer continue à baigner
leur âme, leur histoire, hors du temps.
[…]
☐ En guise de présentation,
pp. 10-18
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