La collection Stella, proposée sur abonnement à raison de deux volumes par mois, se recommande à la famille et aux jeunes filles par sa qualité morale et sa qualité littéraire. Le texte d'Alice Marin répond scrupuleusement au programme, accumulant poncifs et clichés ; ce faisant l'image de l'île ne s'éloigne jamais de celle que portent la plupart des publications de l'époque.

À la manière d'un catalogue les figures attendues s'y retrouvent toutes, individuelles — François Le Su — ou collectives — les veuves, les sauveteurs — ; les temps forts de la vie communautaire y sont consignés — mariage, fête des morts, fête des bateaux —, tout comme l'emprise des éléments — brume, tempête, raz de marée — ou les lieux remarquables — les Causeurs, les églises : la vieille petite et la nouvelle, belle et grande, consacrée à la fin du roman.

Ce regard à l'affût d'un folkore spécifique ne manque pas, en certaines occasions, de clairvoyance : peu d'auteurs ont relevé la présence sur l'île d'un puit où l'on pouvait, dans l'obscurité d'un sous-sol, tirer une eau fortement saumâtre ; c'était avant la généralisation des citernes qui, plus tard, permettront de recueillir une eau de pluie de consommation moins rebutante et qui, aujourd'hui encore, complètent utilement en été l'approvisionnement fourni par l'usine de désalinisation.

EXTRAITS	C'est une petite île triste. Terne, grise, très basse, à demi-submergée deux fois par jour, elle est, sur l'Océan, comme est sur un étang une feuille de nénuphar qui se fane. Depuis des centaines de siècles, elle lutte contre les flots ; ses bords, largement entamés, déchiquetés, en témoignent. ☐ Chapitre I - L'Île, premières phrases (p. 5)
	Elle est condamnée à mourir, dans un temps peut-être rapproché ; on dirait qu'elle le sent. Aucun ruisseau ne la parcourt, aucun arbre n'y donne son ombre, mais des hommes y naissent, y vivent et y meurent. L'île est habitée. ☐ Chapitre I - L'Île, dernières phrases (p. 7)