Chantal Kerdilès

Chiens d'atolls

Recueil de nouvelles édité par l'auteur

Papeete, 1992

bibliothèque insulaire
   
édité à Tahiti
bestiaire insulaire
Chiens d'atolls / Chantal Kerdilès. - Papeete : éd. par l'auteur, 1992. - 70 p. ; 21 cm.

Journaliste de radio pendant de nombreuses années, Chantal Kerdilès devient subitement muette. « Je dédicai de tirer un trait sur une vie qui m'avait comblée et me mis en quête d'un lieu paisible où écrire et me taire. Un lieu où le silence serait acceptable. Ce fut la Polynésie … »

Mais le destin veille. Une guérisseuse de Tahiti lui rend l'usage de la parole.

Puis c'est l'expérience des Tuamotu.

CHANTAL KERDILÈS : […]

On m'accorda le privilège d'aller enseigner aux Tuamotu, sur un atoll comptant une petite soixantaine d'habitants. Je conciliais ainsi l'absolue nécessité de gagner ma vie et la possibilité de mieux connaître ce pays que j'avais choisi, dans ses réalités les plus profondes. […] Les atolls m'offrirent la splendeur d'une vie vraie où l'on apprend à se contenter de l'essentiel. Je découvris des êtres durs à eux-mêmes, habitués à ne compter que sur leurs propres possibilités, mais capables de tendresse et d'attentions délicates, pourvus d'un sens de l'observation peu commun.

[…]

On m'objectera que, limiter le récit de ma vie aux Tuamotu à de simples histoires de chiens, est faire preuve de peu de considération à l'égard des habitants.

Je vais tenter de m'en expliquer.

Au bout de quelques mois de cette vie d'îlienne oubliée, j'entamai un récit à travers lequel j'essayai de montrer combien la vie sur un atoll peut être riche d'évènements hauts en couleur, mais également de valeurs quotidiennes qu'il est difficile d'imaginer tant qu'on n'a pas effectué un séjour prolongé sur ces terres isolées. Je noircis avec fébrilité quelques deux cents pages puis, vint le moment où rien ne marcha plus. J'étais paralysée par une chose fort simple : tout ce qui faisait l'attrait de mon récit devait inévitablement en passer par l'évocation des drames et des joies de ceux qui m'entouraient. Bref, j'éprouvai brutalement le pénible sentiment de trahir ceux qui m'avaient offert leur affection. C'était comme de dévoiler des secrets de famille. Certes, c'était attrayant. Certes, la vie aux Tuamotu se révélait parée de couleurs kaléidoscopiques mais, la confiance dans tout ça !
Déçue de constater que je ne me sentais pas le courage de m'approprier, même pour la bonne cause, ce qui ne m'appartenait pas, je renonçai à un travail qui m'avait occupée deux bonnes années.

Pendant ce temps les chiens étaient entrés dans ma vie et, de façon si pittoresque, que je tenais là l'occasion d'évoquer mes Tuamotu bien aimées sans nuire à qui que ce soit. Bien entendu, il est difficile de parler des chiens sans jamais faire allusion à leurs maîtres mais, soucieuse de ne froisser personne, j'ai veillé à confondre les personnages même si le récit concernant la rencontre entre ces Puce, Pacha, Koe, Biche et autres canins […] et moi-même, est tout à fait conforme à la réalité.

[…]

Préambule, pp. 9-12

COMPLÉMENT BIBLIOGRAPHIQUE

mise-à-jour : 4 mai 2005

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