Les grands cimetières
sous la lune / Georges Bernanos. - Paris : Seuil, 1995.
- 304 p. ; 18 cm. - (Points, 91).
ISBN 2-02-025378-X
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Catholique à
la foi ardente, Bernanos réside à Majorque de 1934
à 1937 où il vit les heures les plus noires de
la guerre civile espagnole … Et c'est en catholique qu'il
dénonce les atrocités de la répression anti-républicaine,
stigmatisant avec une rare violence le dévoiement de l'épiscopat
rangé aux côtés du général
Franco ; le regard qu'il porte à l'occasion sur la
société et les bien-pensants évoque irrésistiblement
l'imagerie buñuelienne.
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EXTRAITS |
Voilà une petite île
bien calme, bien coite dans ses amandiers, ses orangers, ses
vignes. La capitale n'a guère plus d'importance qu'une
vieille ville quelconque de nos provinces françaises.
La seconde capitale, Soller, n'est qu'un bourg. Les villages
isolés les uns des autres, perchés à flanc
de montagne ou disséminés dans la plaine ne communiquent
entre eux que par de mauvaises routes, ou de rares pataches,
au moteur essoufflé. Chacun de ces villages est un monde
fermé, avec ses deux partis, celui des « Prêtres »,
et celui des « Intellectuels », auquel
s'agrège timidement celui des ouvriers. Il y a encore
le châtelain, qu'on ne voit d'ailleurs qu'aux beaux jours,
mais qui connaît ses têtes, a noté depuis
longtemps les mauvaises, en compagnie du curé son compère.
N'importe ! La gentillesse des mœurs espagnoles fait que
ce monde-là vit d'accord, danse ensemble les soirs de
fête. Du jour au lendemain, ou presque, chacun de ces villages
a eu son comité d'épuration, un tribunal secret,
bénévole, généralement ainsi composé :
le bourgeois propriétaire, ou son régisseur, le
sacristain, la bonne du curé, quelques paysans bien-pensants
et leurs épouses, et enfin les jeunes gens hâtivement
recrutés par la nouvelle phalange, trop souvent convertis
d'hier, impatients de donner des gages, ivres de l'épouvante
qu'inspirent tout à coup, à de pauvres diables,
la chemise bleue et le bonnet à pompon rouge.
☐ p. 113-114 | [...] cette petite île
majorquine est un vase clos. Le sang n'y séchera pas vite.
☐ p. 131 |
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COMPLÉMENT BIBLIOGRAPHIQUE | - « Les grands cimetières
sous la lune », Paris : Plon, 1938
- « Les
grands cimetières sous la lune » avec une
préface de Michel del Castillo, Bordeaux : Le Castor
astral, 2008
| - Magdalena Padilla García, « Autobiografía y ensayo en Georges Bernanos : una lectura de Los grandes cementerios bajo la luna », Murcia : Universidad católica San Antonio, 2008 → Note de lecture par Denis Vigneron, Fabula — Acta Fabula, août-septembre 2009 [en ligne]
- Adrien Le Bihan, « Bernanos et Majorque », La Revue des Deux Mondes, octobre-novembre 2008
- Albert Mingelgrün, « L'écriture polémique/poétique de Georges Bernanos dans Les Grands Cimetières sous la lune », Revue belge de philologie et d'histoire, 1987, 65-3, pp. 544-551 [en ligne]
- Michel Estève, « Les
grands cimetières sous la lune : le spirituel
et le temporel », Paris : Minard - Les Lettres
modernes (Etudes bernanosiennes, 13), 1972
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mise-à-jour : 22 avril 2018 |

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