La Mer / Blai Bonet ;
trad. du catalan par Mathilde Bensoussan. - Gardonne : Fédérop,
2002. - 269 p. ; 20 cm.
ISBN 2-85792-131-4
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NOTE DE L'ÉDITEUR : Après avoir vécu, enfants,
— et subi dans leur chair et leur âme — la guerre
civile espagnole, voici les deux principaux protagonistes de
ce roman, Manuel Tur et Andreu Ramallo, enfermés dans
l'espace clos d'un sanatorium, sur l'île de Majorque, où
ils se retrouvent à nouveau confrontés à
la mort.
Traumatisés par la cruauté
humaine, tourmentés par leur sexualité, pris entre
l'amour et la haine, entre Dieu et le péché, ils
feront le mal jusqu'au meurtre, jusqu'au suicide.
La Mer, roman réaliste et métaphysique à
la fois, est l'une des œuvres majeures de la littérature
catalane des Baléares.
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GÉRARD DE CORTANZE : […]
Né à Santanyi en
1926, Blai Bonet se destinait à la prêtrise puis
abandonna ses études. Poète, journaliste, auteur
dramatique, on lui doit un unique roman autobiographique [La
Mer].
[…]
Les pages bouleversantes de La
Mer […] relatent avec minutie le séjour effectué
dans un sanatorium de l'île de Majorque par deux protagonistes,
Manuel Tur et Andreu Ramallo, qui apparaissent comme les deux
faces d'un même personnage, réel celui-là :
Blai Bonnet.
[…]
La Mer est un roman très dense, d'un lyrisme sombre
et violent. Manuel Tur et Andreu Ramallo, adolescents et adultes
à la fois, pris dans la tourmente de la guerre civile,
ont des idées de meurtre et de suicide, sont cruels et
habités par une étrange mansuétude. Hésitant
entre haine et amour, entre diable et Dieu, ils sont de véritables
possédés, au sens dostoïevskien : déséquilibrés,
tourmentés, submergés par une vision religieuse
et prophétique de la vie. La Mer est une profonde
et radicale descente dans les bas-fonds de l'âme humaine.
Le drame évoqué par ce roman coupant comme un rasoir
dépasse de très loin le simple cadre de la guerre
civile vue d'un sanatorium majorquin.
Il ne s'agit ni plus ni moins
que de décrire la tragédie universelle de l'athéisme.
L'homme sans Dieu erre dans son existence comme l'homme-tigre
des légendes indiennes : toujours à la recherche
du double ami qui le délivrera de son affreuse condition.
La Mer est bien un roman métaphysique, si l'on
accepte que celle-ci, comme le prétendait Rousseau, est
un espace ténébreux « où l'homme
n'a d'autres guides que les systèmes qu'il y porte. »
☐ Le Figaro littéraire, 9 mai 2002
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EXTRAIT |
— Le chemin est quelque
chose d'intérieur. Le chemin est quelque chose d'intérieur.
Le chemin est quelque chose d'intérieur. L'essence du
chemin est quelque chose d'intérieur. L'essence du chemin,
ce sont les yeux et la fatigue. L'essence du chemin, ce sont
les yeux et la fatigue. L'essence du chemin, ce sont les yeux
et la fatigue. Les kilomètres de la route sont la tendresse
du ministère des travaux publics. Le ministère
des travaux publics est tendre, mais la route est longue et mortelle.
Et quand on vous oblige à arriver, sans qu'on soit arrivé,
ils vous mènent derrière un mur, et tandis que
quelqu'un vous serre sauvagement le cœur, un autre vous enfonce
un couteau jusqu'au manche dans le foie. Et on ne comprend pas
ce nouvel ordre des chemins parce que, les yeux vitreux, on pense
qu'au-delà du mur la route continue.
☐ pp. 82-83
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COMPLÉMENT BIBLIOGRAPHIQUE | - « El mar »,
Barcelona : Aymà, 1958 ; Valencia : Tres
i quatre, 1987 ; Barcelona : Edicions 62, 1995
- « El mar »
trad. du catalan en castillan par Eduardo
Jordá, Barcelona : Plaza & Janés,
1999
- « El mar » amb un epíleg de Xavier Pla, Barcelona : Club editor, 2011
| - « Le marin absent »
poèmes trad. du catalan par Jep Gouzy, Gardonne :
Fédérop, 2003
| - Margalida
Pons, « Blai Bonet, maneres del color »,
Barcelona : Publicacions de l'Abadia de Montserrat (Biblioteca Serra d'or, 129), 1993
- Marie-Claire Zimmermann, « Les formes poétiques du moi dans Cant espiritual de Blai Bonet », in Mònica Güell (dir.), Les Îles Baléares : littérature, langue, histoire, arts, Canet-en-Roussillon : Trabucaire, 2015
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mise-à-jour : 18 octobre 2017 |

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