Nous disions donc,
Matteo, que le bruit de la mer empêche les poissons de
dormir ? / Dominique Buisset. - Marseille : Le Mot
et le reste, 2005. - 101 p. ; 21 cm.
ISBN 2-915378-13-4
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NOTE DE L'ÉDITEUR : Ne rien faire, au bord du monde, où
de vagues cailloux usent le temps sans souci, et les objets perdus.
Rien n'est pour rien, mais les rivages sont pour le vide et l'abandon ;
à ce qui roule et se tait là ; jusqu'à
l'autre ligne, l'extrême, la régulière, à
l'opposé de celle-ci que tourmente le baiser sourd des
pierres et de l'écume.
L'auteur nous fait lire des proses
brèves où l'image enlumine des paysages secs et
spirituels, ivres de poussière et de vent. Les narrations,
concises, s'ancrent dans un ailleurs et dans la mémoire
écrasée du temps.
Dominique Buisset est né en 1945. Il vit et travaille
à Paris et en Corse ; traducteur de grec et de latin,
il écrit également des livres pour la jeunesse.
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EXTRAIT |
Calypso, l'ombreuse, l'isolée,
l'ombrageuse, voilée, dans la touffeur d'après
la sieste, par un chemin d'eucalyptus, descend vers la mer, immortelle.
Devant elle marche celui qui n'a pas voulu être un dieu :
il la quitte pour une patrie d'instants. Elle se baignera, tandis
qu'il appareille, dans l'eau transparente comme une éternité.
Du bord de son radeau soulevé par la houle, il lui fera
signe. Mais elle sait déjà que dans ses yeux elle
est comme une jeune morte, dans la pierre gravéee, qui
s'érode. Elle reste, doucement envieuse de son beau plaisir …
Une flèche immobile, comment l'arrêter du regard
dans l'écrasement bleu ? Il va lui rendre le mouvement
— à sa vie — entre les yeux du vent. Il aime
mieux une mortelle avec lui qui aille où tout se dérobe.
Le réveil tique-taque, la planche fuit sous le poids,
il s'embarque. Naufrage fait, il restera du bonheur à
nager.
☐ Retour, p. 99
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mise-à-jour : 6 décembre 2006 |

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