NOTE DE L'ÉDITEUR : Bourgade de Sardaigne emblématique de toutes les provinces, Nulla — qui, à l'évidence, renvoie à Núoro, la ville de Marcello Fois — est aussi le néant des vies tronquées, du suicide. Contre le silence et l'hypocrisie de la bonne conscience collective, ces morts en fuite vont donner de la voix.

Chacun des quinze chapitres de ce roman est écrit par un narrateur différent qui évoque les raisons pour lesquelles il s'est suicidé. Ces suicides sont l'expression d'un malaise aussi sociologique et culturel qu'affectif ou émotionnel.

En même temps que des destins individuels, c'est ainsi le fonctionnement d'une communauté entière qui se dessine à travers les explications désemparées ou mensongères des proches, les commentaires sans bienveillance des voisins et, surtout, les témoignages cruellement lucides des suicidés eux-mêmes, au cours d'interventions post-mortem saisissantes.

Ce livre est un miroir tendu à une communauté pour qu'elle distingue ses propres tares. Dans un style très dépouillé, Fois esquisse tout l'arrière-fond sur lequel se détache le geste fatal : mentalité étriquée et suspicieuse, poids du qu'en dira-t-on, rejet des êtres différents (l'obèse, l'homosexuel), amour de l'argent et aussi désarroi, sentiment radical d'inutilité, peine d'amour.