Sempre caro / Marcello
Fois ; traduit de l'italien (Sardaigne) par Serge Quadruppani ;
préface d'Andrea Camilleri. - Paris : Tram'éditions,
1999. - 120 p. : ill. ; 19 cm.
ISBN 2-913402-02-X
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NOTE DE L'ÉDITEUR : À la fin du siècle dernier,
en Sardaigne, Zenobi, un jeune-berger, est accusé d'avoir
volé des agneaux dans le troupeau dont il avait la garde.
Il semble pourtant n'avoir aucun mobile, et son mariage prévu
avec Sisinnia, la fille de son riche patron, ne présageait
pas un tel acte. Mais s'il est innocent, pourquoi Zenobi est-il
en cavale ? L'avocat Bustiani, homme solitaire, intègre
et têtu, est bien décidé à faire toute
la lumière sur cette affaire
Au fil d'une enquête minutieuse,
dans un style limpide et une langue qui mêle l'italien
et le dialecte sarde, Marcello Fois évoque la Sardaigne
dont il est originaire, tiraillée entre tradition et modernité :
ses terres brûlées, ses villages oubliés,
ses passions et ses secrets.
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MICHEL ABESCAT : Le “ sempre caro ”,
c'est le nom que Bastianu, le héros du roman, a donné
à sa ballade quotidienne sur les hauteurs de Nuoro, la
petite ville qu'il habite au cœur de la Sardaigne. Un nom que
lui a inspiré ce vers de Leopardi : “ Sempre
caro mi fu quest'ermo colle … (toujours chère me
fut cette colline déserte …) ” […] L'action
se passe à la fin du siècle dernier, dans une Sardaigne
essentiellement rurale, mal intégrée à la
toute récente communauté italienne.
[…]
Marcello Fois, un des meilleurs
espoirs de la littérature policière transalpine,
réussit un roman d'une âpre beauté, à
l'instar du pays où il est né en 1961 et dont il
parvient, avec la force singulière d'une écriture
mêlant l'italien et le dialecte sarde (remarquablement
rendue en français par Serge Quadruppani), à faire
sentir presque charnellement les paysages, l'esprit et les contradictions.
Sempre caro est un livre rare.
☐ Le Monde des livres, 25 novembre 1999
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MARCELLO FOIS
extraits d'une interview recueillie par Tram'éditions
en septembre 1999Tram'éditions — Avec « Sempre caro »
vous inaugurez une tétralogie sarde. Quels sont vos liens
avec la Sardaigne ?
Marcello Fois — Ma « sardité »
est ce qui me permet de me sentir citoyen du monde.
T'é — Qu'est-ce qui vous a poussé
à imaginer des histoires qui s'y déroulent et à
les écrire en sarde ?
M.F. — Le multilinguisme n'est pas une de mes
inventions, d'autres l'ont déjà pratiqué,
en Sardaigne notamment. J'ai eu la chance d'être le premier
à avoir une résonance nationale, mais il n'est
pas dit que je sois le meilleur en ce domaine. L'idée
de « Sempre caro » m'est venue quand je
me suis rendu compte que mon histoire était sarde au point
de ne pas parvenir à trouver les mots en italien pour
exprimer les concepts qui m'intéressaient. C'est pourquoi
j'ai décidé que tout ce qui était indicible
en italien, je le dirais en sarde. Cela me semblait une façon
de rendre clair que le sarde est une langue au plein sens du
terme, non un dialecte comme beaucoup le pensent.
T'é — En ce qui concerne « Sempre
caro », pourquoi avoir choisi de situer l'action à
la fin du XIXe siècle ?
M.F. — La tétralogie dont « Sempre
caro » est le premier volet fait partie d'une série
de tétralogies que j'ai en projet et qui devrait raconter
Nuoro 1 sur la durée d'un siècle,
de la fin du XIXe à la fin du XXe siècles. Une
autre tétralogie fait partie de ce projet, qui traite
de la période contemporaine et dont le premier volume
s'appelle « Ferro recente ». Il devrait
finalement y avoir 24 volumes divisés en six tétralogies.
T'é — Les thèmes soulevés
par « Sempre caro » (tradition, identité,
insularité) ne proviennent-ils pas d'une analyse sociale
et psychologique contemporaine de la Sardaigne ? Y a-t-il
un lien évident entre la Sardaigne de la fin du siècle
dernier et celle d'aujourd'hui de ce point de vue ?
M.F. — Je dirais même plus : non seulement
il y a un lien entre la Sardaigne de la fin du siècle
dernier et celle d'aujourd'hui, vu que les problèmes d'aujourd'hui
sont, à quelques changements près, les mêmes.
Mais il existe un lien étroit entre ce qu'a été
la Sardaigne de la fin du siècle dernier par rapport à
l'Italie et ce qu'est aujourd'hui l'Italie par rapport à
l'Europe. C'est la nécessité de vivre l'identité
comme un don, comme un passeport vers la tolérance, comme
hypothèse de mouvement, non comme une stase. Souvent nous
confondons l'identité avec le nationalisme. L'identité
devrait produire des peuples tolérants, qui n'ont pas
peur de la différence. Si ce n'est pas le cas cela veut
dire que nous parlons d'autre chose.
T'é — Les trois autres volets de
la tétralogie entretiendront-ils un lien avec le premier
?
M.F. — Ils auront le personnage principal en commun :
Bustianu. Le deuxième tome « Sangue dal cielo »
vient juste de sortir en Italie. Viendront ensuite « L'altro
mondo » et « La parola profonda ».
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COMPLÉMENT BIBLIOGRAPHIQUE | - « Sempre caro »,
Nuoro : Il Maestralle, 1998
- « Sempre caro »
trad. par Serge Quadruppani, préface d'Andrea Camilleri,
Paris : Seuil (Points, 820), 2001, 2005
| - « Sheol »,
Paris : Tram'éditions, 1999 ; Paris : Seuil
(Points, 735), 2000
- « Sang du ciel »,
Paris : Tram'éditions, 2000 ; Seuil (Points-policier,
926), 2001
- « Un
silence de fer », Paris : Seuil, 2000 ;
Seuil (Points-policier, 1189), 2004
- « Plutôt mourir »,
Paris : Seuil, 2001 ; Seuil (Points, 1298), 2005
- « Gap »,
Paris : Seuil, 2002
- « Nulla :
une espèce de Spoon river », Paris :
Fayard, 2002
- « Ce que nous savons
depuis toujours », Paris : Seuil, 2003
- « Ce que tu m'as
dit de dire », Paris : Gallimard, 2004
- « Les hordes du vent »,
Paris : Seuil, 2005
- « Petites histoires
noires », Paris : Seuil, 2005
- « Mémoire du vide », Paris : Seuil, 2008
- « La lignée du forgeron », Paris : Seuil, 2011
- « C'est à toi », Paris : Seuil, 2014
- « Cris, murmures et rugissements », Paris : Seuil, 2015
- « La lumière parfaite », Paris : Seuil, 2017
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mise-à-jour : 3 avril 2017 |

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