Bonaparte et Paoli :
aux origines de la question corse / Charles Napoléon.
- Paris : Perrin ; Ajaccio : La Marge, 2000. -
249 p.-[8] p. de pl. ; 23 cm. ISBN 2-7028-6255-1 (Perrin) ; 2-262-01737-9 (La Marge) |
NOTE DE L'ÉDITEUR : Chacun pressent que les débats
actuels sur la Corse, communauté de 250 000 personnes
parmi 60 millions de Français, renvoient à des
événements forts et anciens, qui ont marqué
les mentalités collectives de part et d'autre de la Méditerranée.
Il s'agit d'une histoire vieille de plus de deux siècles,
celle de la rencontre de la volonté d'indépendance
d'un peuple, incarnée par Pascal Paoli, et de la Révolution
française, représentée par celui qui n'était
encore que lieutenant-colonel des Gardes nationales corses, Napoléon
Bonaparte.
Paoli est aujourd'hui mal connu,
car il est un vaincu de l'histoire. Pourtant, dès 1755,
il gouverne la Corse, appuyé en particulier par Charles
Bonaparte, le père de Napoléon, sous les mêmes
grands principes qui devaient inspirer les pères de la
constitution américaine, et, plus tard, les hommes de
1789. Avec son frère aîné Joseph, lui aussi
très engagé, le jeune Napoléon portait au
chef de la nation corse des sentiments d'admiration quasi filiaux,
et brûlait de se mettre à son service pour la liberté
de leur île. Mais la Révolution les sépara
et transforma le jeune général devenant jacobin
en farouche adversaire de Paoli, qui le chassa de l'île
en 1793. Jusqu'à Sainte-Hélène, l'Empereur
regrettera le rendez-vous manqué avec le héros
de sa jeunesse, un rendez-vous que depuis lors la Corse et la
République peinent l'une et l'autre à honorer.
|
LE MONDE DES LIVRES, 24 novembre 2000 : […]
Chef de la maison impériale,
Charles Napoléon s'appuie sur les similitudes troublantes
entre les deux hommes, dont les liens passionnels sont autant
d'aveux de filiation — Paoli meurt en exil à
Londres en 1807, en paix avec l'Empire et son maître :
« Notre Patrie est maintenant libre » —,
pour resituer le débat politique autour de la Corse, ouvert
depuis plus de deux siècles. Rappelant à grands
traits l'histoire insulaire, le jeu des élites locales
entre Gênes, la France et l'Angleterre, la singularité
de l'expérience paoliste, dont les principes politiques
préfigurent la norme américaine — si
Bonaparte suit Rousseau, Paoli est dans le sillage de Montesquieu,
affaire de génération autant que de sensibilité
sans doute —, l'auteur clarifie le dilemme entre le
combat pour les libertés individuelles et une émancipation
politique compromise par 1789, qui rattache sans condition la
Corse à la France. Un projet didactique d'une précieuse
actualité.
Philippe-Jean Catinchi
|
LE MONDE, 3 décembre 2004 : Charles Napoléon, descendant
de Jérôme, frère de Napoléon Ier,
a écrit un livre au titre explicite : Bonaparte
et Paoli : aux origines de la question corse […].
Il y évoque les affontements et les affinités entre
les deux hommes, en souhaitant que la Corse puisse « réconcilier
Bonaparte, le défenseur des idéaux de 1789, et
Paoli, le patriote corse ».
Il s'est vu répondre par
l'élu nationaliste Jean-Guy Talamoni (dans un article
intitulé Corse : les leçons de l'histoire,
dans Le Monde du 15 mai 2001 : « On ne peut
(…) que réfuter son idée de réconcilier
Pasquale Paoli, porteur de la volonté d'émancipation
nationale de la Corse, et Bonaparte, qui aurait, selon l'auteur,
introduit dans l'île les idées fondatrices de la
République. Car le paolisme réalisa déjà
— à lui seul — la synthèse entre les
deux inspirations. Il organisa en effet une République
corse à une époque où la France n'envisageait
pas de rompre avec la monarchie de droit divin (…) Non,
continuait M. Talamoni, la République n'a pas été
introduite en Corse par la France, et certainement pas par un
futur empereur, fût-il corse de naissance ».
|
COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE
- James Boswell, « L'île de Corse, journal d'un voyage »,
Paris : Hermann, 1991
- James Boswell, « En défense des valeureux Corses »,
Monaco : Éd. du rocher (Anatolia), 2002
- Francis Pallenti, « Pascal Paoli : la leçon d'un citoyen du ciel », Ajaccio : Albiana,
2004
- Antoine-Marie Graziani, « Pascal Paoli, père de la patrie corse », Paris : Tallandier, 2017
|
|
mise-à-jour : 19 janvier 2017 |

| |
|