Un
été à Majorque / Llorenç Villalonga ;
traduction de Marie-France Borot ; ouvrage publié par
l'équipe " Révolutions et romantismes " (CELIS,
Université Blaise Pascal, Clermont II) ; avec l'aide de
l'Institut d'Estudis Baleàrics. - Clermont-Ferrand :
Presses universitaires Blaise Pascal, 2008. - 271 p. ;
22 cm. - (Cahiers romantiques, 15). ISBN 978-2-84516-390-4
|
NOTE DE L'ÉDITEUR : Ce recueil propose une nouvelle traduction du roman de l’écrivain majorquin Llorenç Villalonga Un été à Majorque, écho, réponse, amplification, suite d’Un hiver à Majorque. Un
cas insolite d’intertextualité où l’auteur,
après avoir découpé le récit de George Sand
à sa guise, l’incorpore dans son propre texte en virtuose
des jeux intertextuels qu’il utilise à ses propres fins.
George Sand réincarnée revient, en 1935, poser aux
Majorquins la question de leur relation à l’Autre toujours
aussi problématique, cent ans après. Ce recueil propose
aussi deux articles 1 qui témoignent de l’impact d’Un hiver à Majorque.
1. | Carlota Vicens-Pujol, La réception d'Un hiver à Majorque en Espagne : la presse, les prologues Maria del Carme Bosch, Llorenç Villalonga, George Sand et Frédéric Chopin |
|
MARIE-FRANCE BOROT : Le récit de George Sand Un hiver à Majorque
participe du perpétuel dialogue des textes entre eux. Afin de
décrire l'île qu'elle avait découverte en novembre
1838, George Sand fit appel aux récits des voyageurs qui la
précédèrent et à des créateurs. Pour
dire le silence des nuits de Majorque, elle cite le poème de
Victor Hugo, « La poésie étrangement
fantastique et saisissante des Djinns » […].
À son tour, son récit, pavé dans l'illa de la Calma,
n'en finit pas de susciter les ires et les dires. En cette succession
de gloses, Llorenç Villalonga, étrange gloseur,
répond à ce récit de voyage par un roman dans
lequel il insère de longs fragments du texte de
l'écrivain français sur les conseils
— semble-t-il — de son éditeur […].
À la vue du mince roman Rosa i Gris que lui présentait Villalonga, ce dernier lui aurait proposé d'y inclure, pour l'étoffer, des fragments d'Un hiver à Majorque.
Certes
nous savons, après Mikhaïl Bakhtine et Julia Kristeva, que
« tout livre se construit comme une mosaïque de
citations » et que « tout texte est absorption et
transformation d'un autre texte », mais
l'interdisciplinarité systématique d'Un été à Majorque ne
laisse pas de surprendre. L'écrivain n'y pratique plus
seulement l'allusion, la référence, les citations
camouflées, on y constate la « présence
effective » et massive d'Un hiver à Majorque. […] Ainsi, après cette farcissure, Rosa i Gris grossi et nourri de George Sand, devint-il Un été à Majorque.
[…]
Un été à Majorque contient
la mémoire de la Bibliothèque chère à
l'écrivain, la mémoire mélancolique d'un monde et
d'un Temps perdus. Il s'adresse à un lecteur
« afrancesado » lui aussi, et qui connaît
les trésors de cette Babel. En cette vaste circulation des mots,
en tissant son texte avec les mots de l'autre Villalonga
témoigne, de manière éclatante, de l'inter-texte,
c'est-à-dire de « l'impossibilité de vivre
hors du texte infini ».
☐ Introduction, pp. 7-8, 26
|
L'EXPRESS, 28 juillet 1989 : Majorque, flattée par la visite
et insultée par la visiteuse, ne savait pas répondre
aux calomnies de George Sand sur les « petites peuplades »,
de l'île où elle passa un hiver avec Chopin. Villalonga,
Catalan, mort en 1980, a relevé le vieux défi.
En 1935, cent ans après George, une extravagante femme
de lettres sud-américaine divorcée, « fuyant,
elle aussi, les tempêtes de la vie », vient
passer un été à Palma. Cette Silvina Ocampo,
dont « on peut voir le portrait dans le supplément
du Larousse », fascine le petit monde snob et vieillot
des insulaires, décrit avec un humour féroce. Scandale,
intrigue fracassante de l'Éminente avec Antoni, fils de
famille nigaud et joli garçon. Silvina, elle aussi, « met
un point d'honneur à déplaire aux idiots, aux philistins ».
On lit avec beaucoup de plaisir ses aventures à l'ombre
d'une autre.
❙ Ce commentaire renvoie à l'édition publiée en 1989 par les éditions Verdier.
|
COMPLÉMENT BIBLIOGRAPHIQUE | - « Un estiu a Mallorca »,
Barcelona : Club editor, 1975
- « Un
été à Majorque » traduit du catalan par
Raphaël Carrasco et Jorge Serra, Lagrasse : Verdier (Otra memoria), 1989
- « Rosa i gris » edició a cura de Josep A. Grimalt, Palma de Mallorca : Lleonard Muntaner, 2011
| - Marie-France Bonot, « Un afrancesado à Majorque : Llorenç Villalonga », in Diana Cooper-Richet et Carlota Vicens-Pujol (dir.), De
l'île réelle à l'île fantasmée :
voyages, littérature(s) et insularité (XVIIe-XXe
siècles), Paris : Nouveau monde, 2012
| | |
|
|
mise-à-jour : 18 octobre 2017 |
 | |
|