2ème édition du Prix du Livre Insulaire
(Ouessant 2000)
ouvrage en compétition |
Une île au
loin / Luís Cardoso ; traduit du portuguais par Jacques
Parsi. - Paris : Métailié, 2000. - 149 p. ;
22 cm. - (Bibliothèque portugaise).
ISBN 2-86424-338-5
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NOTE DE L'ÉDITEUR : Voici le premier roman d'un écrivain
du Timor oriental. De traversées en traversées
entre les îles qui forment l'archipel du Timor oriental,
nous découvrons le patchwork de cette société
coloniale portuguaise, sans cesse menacée, jusqu'à
l'invasion finale par son puissant voisin indonésien.
L'auteur raconte avec tendresse
et ironie ces traversées successives : de l'enfance
à l'âge adulte, de la tradition timoraise à
la colonisation portuguaise, de cette dernière à
la fascination pour une modernité américaine filtrée
par Singapour. Puis la traversée vers l'exil, vers Lisbonne
et vers la mort du père.
Ce texte est écrit dans
une langue à la fois poétique et précise,
et nous introduit à un monde totalement surprenant.
❙ Luis Cardoso est né en 1959 à
Cailaco, une province de l'intérieur du Timor oriental
où son père était infirmier rural. Il a
fréquenté diverses écoles religieuses, puis
le lycée de Dili. Il est actuellement ingénieur
forestier au Portugal. Il a participé à la résistance
étudiante contre l'invasion indonésienne.
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FRÉDÉRIC
DURAND : [Luís
Cardoso] est le premier romancier timorais. Son roman largement
autobiographique […] raconte son enfance à Timor même,
puis dans l'île d'Ataùro, le pays des requins, dont
il va finir par se sentir originaire, avant de retourner sur
les hauteurs de Dili, pour faire des études au séminaire
de Dare […].
Réfugié à
Lisbonne, Luís Cardoso assiste, souvent avec un sentiment d'impuissance,
aux épreuves traversées par ses compatriotes au
Portugal.
☐ « Timor 1250-2005 :
750 ans de cartographie et de voyages », Toulouse : Éd. Arkuiris, 2006 (p. 468)
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EXTRAIT |
Le vieil infirmier m'avait dit
que le naufrage de l'Arbiru était prémonitoire
d'une catastrophe sur le point d'arriver. Habitué à
lire, dans les signes du temps et dans le chant des oiseaux,
le destin et la mort des hommes, plus jamais il ne connut la
paix, après que je l'eus vu noyé de larmes en ce
jour fatidique. Il pleurait d'amertume devant un évènement
si tragique, se rappelant les moments où il avait partagé
avec les marins le mouvement des vagues, la menace des moussons,
la fuite des étoiles, et les belles de Singapour. Mais
sa plainte redoublée me fit penser qu'il pleurait pour
quelque chose de plus ténébreux, que je supposais
être son inquiétude quant aux temps à venir.
Il disait que, désormais, le succès dans les études
pourrait me donner la chance d'être exilé ou banni
pour mon mérite. Cette fois-là, son avis avait
tout le poids d'une exclusion. Quand arriverait le moment de
la catastrophe, je serais loin et dans l'impossibilité
de le partager avec lui, qui était déjà
marqué du sceau de l'adversité.
☐ p. 89
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE
- Isabel
Moutinho, « A new dawn at the edges of the Pacific :
the rising literature of East Timor », in Jean
Bessière et Sylvie André (dir.), Littératures du Pacifique insulaire, Paris :
Honoré Champion (Bibliothèque de littérature
générale et comparée, 114), 2013
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mise-à-jour : 3 juin 2014 |

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