Marc Le Piouff

Le meilleur d'Ana

HB Éditions

Aigues-Vives, 1999
bibliothèque insulaire
   
des femmes et des îles
îles d'Atlantique

parutions 1999

1ère édition du Prix du Livre Insulaire (Ouessant 1999)
ouvrage en compétition
Le meilleur d'Ana / Marc Le Piouff. - Aigues-Vives : HB Éditions, 1999. - 106 p. ; 19 cm.
ISBN 2-911406-56-7
NOTE DE L'ÉDITEUR : Le meilleur d'Ana, c'est ce qui la révélera à elle-même et aux autres comme un être libre et autonome. Le meilleur d'Ana, c'est ce qui lui permettra d'échapper à cette île 1 où elle a vu le jour, cette île au milieu de l'océan comme elle fut, elle au milieu de sa mère durant neuf mois. Le meilleur d'Ana, c'est ce qui lui permettra d'échapper à ce qui ressemble trop à son avenir. Le meilleur d'Ana, ce sera enfin ce qui l'aidera à briser le dernier des cercles qui la retiennent prisonnière de l'enfance, en devenant capable d'aimer et d'être aimée. Quand tu aimes, il faut partir, écrivait Cendrars. On se laisse volontiers embarquer dans ce récit de passage auquel une prose sobre et sensible confère la force d'évidence d'un poème.
       
1. … “ son île natale, étroite et lointaine, au large des côtes occidentales de l'Afrique ”.
EXTRAIT

C'est bien sur les îles que frappent les plus dures tempêtes.

C'est dans leurs ports aussi que reviennent toujours les plus rêveurs des désespérés.

Ceux qui se parfument d'alcool et s'endorment sur les livres des autres.

Ils savent fouetter les mots mais pas leur donner un sens.

Quand ils sont ivres, la violence leur donne le courage d'être faibles, de hacher leurs rêves en balbutiant leur vie.

Ils titubent leur exil dans des virées nocturnes et n'ont plus rien à fuir que leur seule peur de revenir sur les pontons de l'enfance.

Ils finissent seuls, buvant des fonds de tempêtes, râlant contre le vent trop faible pour leur permettre le grand voyage, la traversée qu'ils prévoient depuis si longtemps.

Ils finissent par ronfler sur le pont à l'heure où le soleil cogne.

Comme personne, ils dorment et cuvent une autre vie, celle qu'ils se saoulent à tracer depuis trop longtemps sur la carte des mers.

Ils se laissent pousser la barbe dans l'attente d'un improbable départ.

Ana pense à ce verbe :
ils cabotent.

pp. 78-79

mise-à-jour : 6 septembre 2019
Marc Le Piouff : Le silence d'Ana
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