NOTE DE L'ÉDITEUR : Du gris, du noir, des éclairages
savants, sauvages, avec projecteurs en biais et contre-jours
d'apocalypse. Du spectaculaire, du dramatique, du sublime. Voici
les Marquises, Fenua Enana, La Terre des Hommes.
Descendants des légendaires
navigateurs maoris, les premiers habitants se sont installés
voici près de vingt-cinq siècles, sur ces îles
mythiques, sommets émergés de volcans enracinés
à plus de 4000 mètres dans l'océan. Excentrées,
isolées, plusieurs fois « découvertes »,
aussi vite oubliées, les Marquises sont longtemps restées
repliées sur elles-mêmes. Elles connurent la brutalité
des forestiers en quête de bois de santal, puis des baleiniers.
Conquises par les armes, elles furent soumises à la France
et évangélisées par l'Église catholique.
Décimée par mille
fléaux, désespérée, sa population
a failli disparaître à la fin du siècle dernier,
entraînant dans l'oubli sa richissime culture.
Actuellement, la volonté
de retour aux racines ressuscite l'esprit de l'ancienne civilisation
qui ressurgit avec force. Chants, danses, tatouages, sculptures,
légendes, croyances, remèdes, habitudes quotidiennes
retrouvées rendent aux Marquisiens leurs racines oubliées.
Et leur identité.
Comme si la voix grave des pahu,
ces grands tambours tendus de peau de requin, réveillait
les échos assoupis au fond des vallées secrètes
du lointain archipel. Ils parlent, comme les tresses de nœuds,
« les tresses de mots » que les récitants
rituels des généalogies anciennes égrenaient
sous leurs doigts, en guise d'aide-mémoire.
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