Nicolas Bricaire de La Dixmerie

Le Sauvage de Tahiti aux Français, avec un Envoi au philosophe ami des sauvages

Éd. Perspectives Maohi

Papeete, 1989
bibliothèque insulaire

       

utopies insulaires
édité à Tahiti
Le sauvage de Taïti aux Français, avec un Envoi au philosophe ami des sauvages / Nicolas Bricaire de la Dixmerie ; avant-propos d'Alfred René Grand ; préface de Jean-François Mattéï ; postface de Jean Guiart. - Papeete : Éd. Perspectives Maohi, 1989. - XXX-113 p. : ill. ; 27 cm.

ERIC VIBART : A peine Aotourou s'était-il embarqué pour l'île de France que parut à Londres et fut importé à Paris un ouvrage intitulé Le Sauvage de Taïti aux Français, avec un Envoi au philosophe ami des sauvages (1770), œuvre de Nicolas Bricaire de La Dixmerie. Cet homme de lettres, membre de l'Académie d'Arras, fut à la fin des années 1770 l'un des membres les plus importants de la célèbre loge maçonnique des « Neufs Sœurs », […]. Proche de Voltaire, il fut à l'origine de l'initiation du grand philosophe dans cette loge.

Au moment de repartir pour Tahiti, le sauvage, qui n'était autre qu'Aotourou bien qu'il ne soit jamais nommément cité, s'adressait aux Français, faisant le bilan de son séjour en Europe. L'ouvrage se composait de trois parties : « L'avis de l'éditeur » rappelait la découverte de Tahiti et le séjour du Tahitien à Paris. « Le sauvage de Taïti aux Français », partie essentielle du livre, développait dans un style très vivant et non dénué d'humour une étude comparative entre les mœurs françaises et tahitiennes. Enfin, « l'Envoi au Philosophe ami des sauvages » était un pamphlet dirigé sans souci de fidélité contre les aspects les plus excessifs de la philosophie de Rousseau.

Toute la documentation de La Dixmerie était, par la force des choses, tirée du mémoire de Commerson, seul texte disponible à l'époque. Rédacteur au Mercure de France où ce texte avait paru, La Dixmerie était bien placé pour en avoir parfaite connaissance. L'exubérance poétique du naturaliste se retrouve dans tous les détails du Sauvage de Taïti. La Dixmerie n'hésitait pas à dépasser les suppositions de Commerson, livrant un texte d'emblée favorable au mythe tahitien.

[…]

Héritier d'Adario, d'Uzbeck et de l'Ingénu, le discours du sauvage de Tahiti reposait sur un constant jeu d'opposition au bénéfice perpétuel de l'authenticité tahitienne. Observateur critique de la société parisienne, le sauvage de Tahiti ne témoignait pas pour autant d'un primitivisme forcené. « L'envoi au Philosophe ami des Sauvages », s'adressant à Jean-Jacques Rousseau, reprenait les querelles traditionnelles touchant la nostalgie supposée du philosophe pour l'état sauvage.

[…]

Certains des propos de La Dixmerie n'étaient pas sans rappeler étrangement ceux de la célèbre lettre de Voltaire à Rousseau succédant à la publication du Discours sur l'Inégalité : « Mon cher philosophe, je retourne dans un pays où le nom même de philosophe n'est pas connu. Venez nous voir, quand le séjour des forêts vous ennuiera. Notre société  vaut bien celle qu'on y rencontre. Vous pourrez aller nu, mais souffrez que nous soyons vêtus légèrement enfin vous serez libre, mais trouvez bon que des chefs protègent votre liberté. »

« Tahiti : naissance d'un paradis au siècle des lumières », Bruxelles : Éd. Complexe, 1987 (pp. 178-180)

EXTRAIT

Agréez, mon cher Philosophe, un devoir que tout Sauvage Auteur doit vous rendre. J'ai lu vos ouvrages, et j'ai regretté de n'avoir pas sçu lire plutôt dans votre langue. Je regrette encore plus, qu'ils ne soient pas écrits dans la nôtre. On dirait que vous soupçonniez l'existance de notre Isle, avant qu'on l'eût découverte. Votre Morale n'est applicable qu'à notre situation.

Envoi au Philosophe ami des Sauvages : Incipit (p. 109 dans l'éd. de 1770)

COMPLÉMENT BIBLIOGRAPHIQUE
  • Nicolas Bricaire de La Dixmerie, « Le Sauvage de Taïti aux Français, avec un envoi au philosophe ami des Sauvages », Londres, Paris : Lejay, 177r0
  • Nicolas Bricaire de La Dixmerie, « L'île taciturne et L'île enjouée, ou Voyage du génie Alaciel dans ces deux îles », La Rochelle : La Rumeur des âges, 1995
→ Jean-Marie Gautier, « Tahiti dans la littérature française à la fin du XVIIIe siècle : quelques ouvrages oubliés », Société des Océanistes (Paris), Journal, tome III, n° 3, décembre 1947 [en ligne]

mise-à-jour : 3 décembre 2019
Le sauvage de Taïti aux Français

   ACCUEIL
   BIBLIOTHÈQUE INSULAIRE
   LETTRES DES ÎLES
   ALBUM : IMAGES DES ÎLES
   ÉVÉNEMENTS

   OPINIONS

   CONTACT


ÉDITEURS
PRESSE
BLOGS
SALONS ET PRIX