La
mort est une araignée patiente / Henry S. Whitehead ;
traduit de l'anglais (américain) par Gérard Coisne ; préface de David Vincent. -
Bordeaux : Le Festin, 2017. - 242 p. : ill. ;
21 cm. - (L'Éveilleur étrange). ISBN 979-10-96011-05-6
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NOTE DE L'ÉDITEUR :
Lovecraft ne s’y était pas trompé qui avait
distingué de son amitié, parmi les auteurs fantastiques
de l'entre-deux-guerres, Henry S. Whitehead, éminent pasteur
épiscopalien, sportif accompli mais, surtout, nouvelliste
incomparable qui donna ses lettres de noblesse et quelques-uns de ses
plus beaux textes au monde du vaudou dont son œuvre est
imprégnée.
Parcourant les Petites Antilles, le
missionnaire fasciné y récolta d'impressionnantes
histoires, dont il se fît le conteur habile par l'entremise de
Carnevin, son personnage plein de raison qui mène
l'enquête, interroge et plonge dans les profondeurs des croyances
locales. Fantômes, jumbees, créatures
nées de cauchemars éveillés et morts violentes
illustrent sa peinture saisissante d'un univers où les esprits
frôlent les vivants et les rappellent à leur devoir ou
leurs tourments.
Ironique devant une organisation sociale
archaïque, de son air détaché, il entrouvre les
portes closes de consciences dévorées par le secret. Et
le frisson qu’il provoque est aussi délicieux que subtil.
La mort est une araignée patiente, comme on dit aux Antilles, et le lecteur une proie consentante, comme on le sait ailleurs …
Henry S.Whitehead (1882-1932) fut l'ami de Lovecraft et l'un des grands noms de la fameuse revue Weird Tales, pilier
du fantastique américain. Journaliste, il devint pasteur de
l'Eglise Episcopalienne et fut envoyé dans les Petites Antilles
danoises avant son retour en Floride.
La
première publication en volume de ces récits date de
1944, douze ans après la mort de l'auteur. « Jumbee
and other uncanny tales » réunit quatorze titres 1 ; sept d'entre eux ont été traduits en français 2
en 1988 par Gérard Coisne et reparaissent aujourd'hui dans un
volume où ils sont accompagnés de photos prises aux
îles Vierges entre 1905 et 1925 — éloquente
illustration de ce qui sépare les deux communautés
insulaires.
1. | Jumbee. — Cassius. — Black Tancrede. — The Shadows. — Sweet Grass. — The Black Beast.
— Seven Turns in a Hangman's Rope. — The Tree-Man. —
Passing of a God. — Mrs. Lorriquer. — Hill Drums. —
The Projection of Armand Dubois. — The Lips. — The
Fireplace. | 2. | Jumbee, Jumbee. — Cassius, Cassius. — Black Tancrede, La malédiction de Tancrède. — The Shadows, La chambre des spectres. — Sweet Grass, Passion sous les tropiques. — The Black Beast, Le taureau noir. — Passing of a God, L'apparition d'un dieu. — |
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| L'ombre et la lumière, dans ces îles, semblent toujours différentes de ce qu'elles sont chez nous, …
☐ La chambre des spectres, p. 113 |
Araignée,
crapaud, chien — chien-garou ? —, taureau … ou ce que l'on prend pour
tels : c'est d'un bestiaire fantastique que sont tirés les premiers
rôles dans les récits du journaliste et pasteur familier
des îles Vierges 1 en mer Caraïbe, dans l'est
de Porto Rico.Libérée de l'esclavage,
l'importante communauté noire des îles y avait maintenu un
ensemble complexe de croyances, entre superstition et religion que, par
convenance, les colons blancs se targuaient de ne pas prendre au
sérieux même quand ils ne pouvaient en ignorer les effets
— difficilement avouables aux yeux d'un bon chrétien,
difficilement crédibles pour un rationaliste.Les
relations entre les deux communautés cohabitant dans les
îles reposaient donc largement sur des non-dits ; un
incident, banal en apparence, pouvait alors susciter de violentes
tensions. C'est là qu'Henry S. Whitehead trouvait la
matière de ces récits : « l'horreur peut
survenir à tout instant, une anecdote peut réveiller un
souvenir enfoui (…) mais on reste dans les limites de la
convenance (…). De cet écart, Whitehead joue avec
virtuosité » 2. 1. | Les
« îles Vierges, la plus récente acquisition
coloniale de notre Oncle Sam, naguère encore colonie
danoise », La malédiction de Tancrède, p. 88 | 2. | David Vincent, Préface, p. 16 |
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EXTRAIT |
Depuis
ce matin-là, je dois avouer que moi, Gerald Canevin, je n'ai
jamais pu regarder une grosse araignée sans ressentir au moins
un frisson intérieur. Aujourd'hui, je crois savoir en quoi
consiste exactement cette étrange phobie qu'on appelle
« la peur des araignées … ».
Car j'ai vu cette chose qui courait sur le parquet de la salle de bal du Grand Hôtel,
telle une araignée estropiée. Je l'ai vu se cacher sous
cette conque. Et elle n'en est pas sortie comme elle y était
entrée …
☐ La malédition de Tancrède, p. 109 |
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COMPLÉMENT BIBLIOGRAPHIQUE | - « Jumbee and other uncanny tales », Sauk City (Wisconsin) : Arkham house, 1944
- « Jumbee »
et autres nouvelles trad. de l'anglais (américain) par
Gérard Coisne avec un avant-propos de R.H. Barlow, Paris :
Crapule production (Sombre crapule ! 2), 1988
- « Jumbee » and other Voodoo tales, Ware (Hertfordshire) : Wordsworth Edition, 2012
| - « West India lights », Ware (Hertfordshire) : Wordsworth Edition, 2012
- « The black beast », Ware (Hertfordshire) : Wordsworth Edition, 2012
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mise-à-jour : 10 août 2017 |

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