Nick Stone

Tonton Clarinette

Gallimard - Folio policier, 579

Paris, 2010

bibliothèque insulaire

   
Haïti
îles noires
parutions 2010
Tonton Clarinette : une enquête du privé Max Mingus / Nick Stone ; traduit de l'anglais par Marie Ploux et Catherine Cheval. - Paris : Gallimard, 2010. - 678 p. ; 18 cm. - (Folio policier, 579).
ISBN 978-2-07-042782-6
Au cours de l'enquête qu'il mène pour retrouver un enfant enlevé quelques années plus tôt en Haïti, Max Mingus côtoie — de trop près à son goût — les innombrables dangers qui rongent le pays et accablent une population qui tente sans grand espoir d'oublier plusieurs décennies d'une dictature sanglante. Les Duvalier et leurs milices hantent toujours les esprits ; la grande bourgeoisie continue à détourner à son profit exclusif toutes les sources d'enrichissement ; le trafic de drogue prospère.

Colorées et violentes, les péripéties romanesques sont l'occasion d'un regard sans complaisance sur une société à la dérive où tout est mis en œuvre pour accroître la mainmise des plus forts sur les plus faibles, sous le regard indifférent des troupes américaines (l'action se déroule deux ans après leur débarquement en 1994).

L'enquête prend vite les allures d'une descente aux enfers, avec ses stations obligées : plongée au cœur de Cité Soleil, rencontres de tontons macoutes nostalgiques de l'ère Duvalier, rituels vaudou dévoyés. Difficile pour Max Mingus de garder la tête froide ; mais engagé pour retrouver un enfant, le détective va se trouver en situation de sauver plusieurs dizaines de jeunes innocents promis à un sort ignominieux.
       
Né en 1966 d'un père écossais et d'une mère haïtienne, Nick Stone a passé les quatre premières années de sa vie en Haïti où il est retourné à plusieurs reprises entre 1971 et 1997. Tonton Clarinette est son premier roman.
EXTRAIT    Sur un pont de fortune fait de poutrelles métalliques attachées ensemble, il franchit le « canal de Boston », la rivière de vase lourde charriant des résidus d'huiles usées qui coupait Cité Soleil en deux, blessure inguérissable rongeant l'âme empoisonnée du bidonville et saignant son noir venin jusque dans la mer. C'était le pire endroit que Max eût jamais vu — un des cercles de l'Enfer, offert à la vue des hommes en guise d'avertissement. Il n'arrivait pas à comprendre que ni les Nations unies ni les États-Unis, qui pourtant occupaient le pays depuis deux ans déjà, n'aient rien fait pour Cité Soleil.

   Il cherchait des signes de la présence de Vincent Paul — des voitures, des Jeep, des choses en état de marche, jurant dans ce décor. Mais tout ce qu'il voyait, c'était la misère survivant dans la misère, la maladie se nourrissant de la maladie, des malheureux titubant sous le poids de leur ombre.

   Profitant de ce qu'il arrivait au sommet d'une petite butte dégagée, il arrêta la voiture et mit pied à terre pour se repérer. Se rappelant les conseils de Chantal, il avait acheté une vieille paire de Paraboots tout éraflées et aux talons éculés à une femme qui vendait des chaussures d'occasion, presque au coin de l'impasse Carver. Il se félicita de son achat car, à chaque pas, il sentait ses semelles aspirées par le sol mou et visqueux, que même l'ardeur caniculaire du soleil ne parvenait pas à durcir.

   Il contempla le chaos sordide qui s'étendait tout autour de lui, la mer de baraques qui hérissaient le sol comme des pustules métalliques, conférant au paysage l'aspect corrodé d'une vieille râpe à fromage rongée de rouille. Cité Soleil abritait plus d'un demi-million d'âmes, mais il y régnait un calme irréel, au point que les rares bruits à s'élever ne couvraient même pas le ressac de la mer, distante de trois ou quatre cents mètres. C'était le même genre de silence que la peur faisait régner dans les secteurs les plus durs de Liberty City, ceux où la mort frappait une fois par heure. À Cité Soleil, ça devait être toutes les minutes.

pp. 311-312
COMPLÉMENT BIBLIOGRAPHIQUE
  • « Mr Clarinet », London : Michael Joseph, 2006 ; New York : Harper Collins, 2007
  • « Tonton Clarinette », Paris : Gallimard (Série noire), 2008
  • « Voodoo land », Paris : Gallimard (Série noire), 2011 ; Gallimard (Folio policier, 683), 2013
  • « Cuba libre », Paris : Gallimard (Série noire), 2013 ; Gallimard (Folio policier, 772), 2015

mise-à-jour : 20 octobre 2016

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