Jean-François Favre (texte et gravures sur bois)

Maui et la naissance des îles  Māui e te hīra'ahia mai te mau fenua

Haere po

Papeete, 2012

bibliothèque insulaire

   
édité à Tahiti
parutions 2012
Māui et la naissance des îles = Māui e te hīra'ahia mai te mau fenua / inspiré de Tahiti aux temps anciens / Teuira Henry ; texte et gravures sur bois de Jean-François Favre ; traduction en reo mā'ohi par Vāhi Sylvia Tuheiava-Richaud. - Papeete : Haere po, 2012. - 60 p. : ill. ; 21x30 cm.
ISBN 978-2-904171-94-9
L'histoire de Māui prend sa source loin de ceux qui peuvent la lire aujourd'hui ; au cours des siècles, une longue chaîne de conteurs et récitants ont assuré sa survie, chacun disparaissant des mémoires après avoir transmis à la génération suivante des mots qui n'ont rien perdu de leur pouvoir d'évocation. Au XIXe siècle, un pasteur britannique a recueilli et transcrit des fragments du légendaire polynésien, mais son manuscrit a disparu ; heureusement, Teuira Henry, sa petite-fille, s'est employée à reconstituer cette mémoire perdue.

L'histoire de Māui, héros légendaire du Pacifique, est l'un des temps forts du livre de Teuira Henry, Tahiti aux temps anciens. À la lecture surgissent des images, et de nombreux illustrateurs ont été tentés de leur donner corps — comme Jean-François Favre, peintre et graveur français familier de la Polynésie. Les illustrations qu'il propose sont à l'évidence profondément inspirées par la manière et le style des artistes polynésiens, mais on retient autant leur force évocatrice et la facilité avec laquelle elles touchent la sensibilité de lecteurs étrangers au monde océanien.

C'est que l'histoire de Māui, comme l'ensemble du légendaire polynésien, est riche d'une portée universelle ; on peut même s'appliquer à relever les innombrables parallélismes qui s'imposent dès que l'on compare la personnalité et les aventures de Māui et celles d'Ulysse — un exercice stimulant autant par les affinités que par les différences qu'il dévoile : les deux héros sont rusés, astucieux, mais la ruse de l'un, sa métis, n'est pas en toutes circonstances, celle de l'autre.
NOTE DE L'ÉDITEUR : Dans les grottes aux sources longtemps taries de la civilisation maorie, ornées de crânes et de momies, demeure le mystère d'un chemin de la connaissance dont la voix réduite au silence pendant de nombreux années parle de nouveau. Après les Haere-pō, gardiens des mythes et des généalogies qui confièrent les mystères légendaires aux grands prêtres, écoutons l'appel provenant des temps immémoriaux à travers leurs derniers témoins.

Ainsi les anciens avaient recueilli auprès de leurs ancêtres le récit d'une étrange aventure du dieu Māui. Cette histoire prit naissance à l'époque où Ta'aroa n'avait pas terminé la création de tous les dieux et demi-dieux, à l'époque où les hommes n'occupaient pas encore toutes les plate-formes du ciel, à l'époque où les terres émergées de Polynésie n'existaient pas.
EXTRAIT    Soudain, une lueur verte apparaît à l'horizon. C'est le signe tant attendu par Māui. Aussitôt, il monte un hameçon en nacre sur un fil et le lance à l'arrière de la pirogue. Il se met à chanter pour donner du pouvoir à son hameçon.

   Le premier poisson ne tarde pas à mordre. Māui le hisse à bord de la pirogue alors que ses frères dorment toujours profondément. Il prépare un nouvel hameçon, le lance et, en attendant une nouvelle prise, il monte tous les hameçons et les dispose sur une seule grande ligne. Puis il va s'installer à l'avant de la pirogue.

   Les prises sont de plus en plus nombreuses et les poissons s'accumulent sur le pont avant ou tombent au fond de la pirogue.

   Māui continue à pêcher en regardant avec intensité la lueur verte qui brille à l'horizon. Il se rend compte que cette pêche restera dans les mémoires comme une aventure exceptionnelle, mais il ne peut pas imaginer la suite de l'histoire tant il est absorbé par son activité. Il pêche ainsi plus de 200 poissons, tous plus beaux les uns que les autres.

   L'eau bouillonne sous l'assaut de tous ces poissons. Les plus gros créent des tourbillons qui à tout moment risquent d'engloutir la pirogue. L'écume des vagues, teintée par le sang, devient rouge.

   Les quatre frères se réveillent en sursaut et poussent des cris effrayants :
   — Māui, ô Māui, ce n'est pas un poisson mais une île que tu pêches !

pp. 18-22
COMPLÉMENT BIBLIOGRAPHIQUE
  • « Légendes polynésiennes » gravures sur bois de Jean-François Favre, textes de Denise et Robert Koenig, A. Peni et V. Richaud inspirés de Tahiti aux temps anciens et de Océania, Papeete : Haere po no Tahiti, 1991, 2007

mise-à-jour : 18 août 2017
Jean-François Favre : Maui et la naissance des îles
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