The artist and the
camera : Degas to Picasso [exhibition : San Francisco
museum of modern art, October 2, 1999-January 4, 2000 ;
Dallas museum of art : February 1-May 7, 2000 ; Bilbao,
Museo Guggenheim, June 12-September 10, 2000] / sous la dir.
de Dorothy Kosinski. - Dallas : Museum of modern art ;
New Haven : Yale university press, 1999. - 335 p. :
ill. ; 31 cm.
ISBN 0-300-08168-5
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A l'occasion d'une exposition
sur les relations entre peinture et photographie, Elizabeth Childs
interroge l'œuvre tahitienne de Gauguin dont on connait les
« emprunts » avoués, au photographe
Charles Spitz parmi d'autres.
Dans le droit fil de la critique
universitaire américaine, Elizabeth Childs procède
à un examen méthodique et très minutieux
des propos tenus par Gauguin — où auraient pu s'exprimer
les fondements de sa pratique — et, surtout, des exemples
où il utilise la photographie comme support ou relai de
son inspiration. On trouve donc dans cette contribution, maillon
d'une recherche de longue haleine, un inventaire non dénué
d'intérêt.
Or la contribution d'Elizabeth
Childs ne se borne pas à un relevé des rencontres
entre Gauguin et la plaque sensible — la connaissance
de l'œuvre y aurait gagné. Comme le titre le révèle
non sans emphase, le propos est d'associer l'irruption, fût-elle
indirecte, de la technique dans l'œuvre du peintre à
un tournant historique très connoté. Au passage
d'un siècle au suivant, sont étroitement et nécessairement
imbriqués, « fin de siècle »
et « début de siècle » ;
Elizabeth Childs ignore, ou feint d'ignorer, cette double polarité
du temps qui passe : elle inscrit délibérément
l'aventure artistique de Gauguin dans le cadre d'une « fin
de siècle », soit d'un déclin ou d'une
décadence.
Dès lors, l'identification
et l'analyse des apports de la photographie à la pratique
du peintre sont mises à contribution pour tenter d'accréditer
l'hypothèse d'un écart irréductible entre
celui-ci et les êtres et les lieux censés l'inspirer.
Contre toute vraisemblance, Gauguin se voit ancré dans
un siècle finissant ; dans la récurrente querelle
des anciens et des modernes, il apparaît au côté
des anciens, tenant d'un exotisme désuet voire agent
passif d'un colonialisme condamné ; son apport au
siècle qui s'ouvre est occulté ; le sens de
son engagement artistique et personnel dénié, voire
inversé ! On ne peut que s'étonner du déséquilibre
entre la fragilité des pièces à charge d'une part, la portée
du jugement et du discrédit d'autre part.
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE
- « The colonial lens :
Gauguin, primitivism, and photography in the fin-de-siècle »,
in : Lynda Jessup (ed.), Antimodernism and artistic experience :
policing the boundaries of modernity, Toronto : University
of Toronto press, 2001
- « Invitation au paradis :
Gauguin face à la photographie », in :
Riccardo Pineri (éd.), Paul
Gauguin, héritage et confrontation, Actes du colloque
organisé par l'Université de la Polynésie
française es 6, 7 et 8 mars 2003, Papeete : Le Motu,
2003
- « Edens's other :
Gauguin and the ethnographic grotesque », in :
Frances Connelly (ed.), Modern art and the grotesque,
Cambridge : Cambridge university press, 2003
- « Exoticism
in the South Seas : John La Farge and Henry Adams encounter the
Pacific », in Elisabeth Hodermarsky (dir.), John La Farge's second paradise : voyages in the South Seas, 1890-1891, New Haven : Yale university press, 2010
- « Common ground : John La Farge and Paul Gauguin in Tahiti », in Elisabeth Hodermarsky (dir.), John La Farge's second paradise : voyages in the South Seas, 1890-1891, New Haven : Yale university press, 2010
- « Vanishing
paradise : art and exoticism in colonial Tahiti »,
Berkeley : University of California press, 2013
- « Gauguin and sculpture : the art of the " ultra-sauvage " », in Starr Figura (dir.), Gauguin : metamorphoses, New York : Museum of modern art, 2014
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mise-à-jour : 25 octobre 2017 |

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