Charles Sala

Caspar David Friedrich et la peinture romantique

Terrail

Paris, 1993

bibliothèque insulaire

      

peintres des îles
Caspar David Friedrich et la peinture romantique / Charles Sala. - Paris : Éd. Pierre Terrail, 1993. - 205 p. : ill. ; 30 cm.
ISBN 2-87939-090-7

KENNETH WHITE : Le mot « romantique » est un des plus intéressants qui soient.

À l'origine, sous la forme romana, il indique toute l'étendue de la carte romaine, y compris les limites et les marges de celle-ci, là où les couleurs criardes des puissances étatiques se perdent dans le blanc de l'inconnu.

De cette référence originelle aux vastes étendues de la république romaine le mot gardera le sens d' « universel ». Mais il s'opère un glissement graduel du politique au poétique. Il s'agira moins […] de l'universalité, de l'universalisation d'une idée, d'une conception du monde, que d'une présence, la plus complète possible, à l'univers.

En effet, l'être humain est conçu moins comme membre d'une société que comme habitant du cosmos. C'est pour cela que dans les peintures de Caspar David Friedrich la figure centrale a presque toujours le dos tourné : le face-à-face humain cède à une contemplation de la nature — du chaos, des éléments du vide.

[…]

Préface au Voyage à l'île de Rügen sur les traces de Caspar David Friedrich, de Carl Gustav Carus, pp. 7-8

EXTRAIT

À l'étonnement général, le 21 janvier 1818 [Friedrich] épouse Caroline Bommer […] de très jeune âge. Ils partiront en voyage de noces à Greifswald et à l'île de Rügen, au milieu des paysages de sa jeunesse, ceux mêmes qui lui apportaient réconfort et lui servaient de source d'inspiration.

Comme le rappellera Carus, la vie de Friedrich ne change pas en profondeur, mais, en revanche, ses thèmes connaissent un renouveau remarquable, avec l'introduction de la figure féminine, si neuve chez lui et apportant de nouvelles dimensions formelles et affectives. Peu après son retour à Dresde, Friedrich exécute Sur le voilier (1818-1819), une lumineuse et singulière toile pour laquelle il utilise des dessins confiés à son album de voyage.

[…]

Le plaisir de la promenade contemplative, un étonnement bourgeois et citadin face aux couleurs de la mer et aux falaises édentées, voilà les sentiments qui émergent au premier regard de la très savante et moderne composition de Friedrich intitulée Falaises de craie sur l'île de Rügen  (1818). Depuis longtemps, depuis sa jeunesse, le peintre arpente l'île dans tous les sens pénétrant progressivement les charmes et la lenteur des pays du Nord. Il en emporte des croquis qui lui serviront pour tel ou tel autre détail d'une grande toile, toujours convaincu que seule la réflexion dans la pénombre de son atelier sera porteuse de découvertes spirituelles.

[…]

Caroline Bommer, coquettement habillée, se trouve sur la gauche de la composition ; elle s'agrippe à un fragile arbuste, en désignant d'un geste de la main tout ensemble des fleurs rouges et l'abîme qui s'ouvre devant elle. Isolé, allongé sur le bord du précipice, Friedrich, chapeau et bâton posés par terre, semble irrésistiblement attiré par la vue de la partie inférieure des rochers, crayeux et blancs. Un autre personnage, sur la droite de la scène, n'est pas identifié ; son attitude est d'intense contemplation, les bras croisés et les pieds sur le bord du gouffre. Il nous renvoie vers les lointains, vers le départ des bateaux, qui est dans l'œuvre de Friedrich le symbole des âmes qui se dirigent vers l'éternité.

pp. 153-164

COMPLÉMENT BIBLIOGRAPHIQUE

mise-à-jour : 25 mars 2005
Femme à la plage de Rügen, 1818 (détail)
Falaises de craie sur l'île de Rügen, 1818 (détail)
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