Victor Merlhès (éd.)

Correspondance de Paul Gauguin (tome premier) 1873-1888

Fondation Singer-Polignac

Paris, 1984
bibliothèque insulaire
 
peintres des îles
Gauguin
Correspondance de Paul Gauguin [tome premier] 1873-1888 / Paul Gauguin ; éd. critique établie par Victor Merlhès. - Paris : Fondation Singer-Polignac, 1984. - XII-561 p.-[12] pl. : ill. ; 25 cm.
ISBN 2-900927-15-3

Ce premier volume (l'unique publié à ce jour, malheureusement) s'achève trois ans avant le départ de Gauguin pour Tahiti ; mais il couvre le bref séjour à la Martinique et l'expérience décisive en Arles où, à l'ardent contact de Van Gogh, vont s'éveiller les tensions menant à la rupture de 1891.

Déjà, au moment de quitter Saint Nazaire en avril 1887, Gauguin rêve de faire sa résidence sur une île : « Je connais à une lieue en mer de Panama une petite île Tabogas [Taboga] dans le Pacifique ; elle est presqu'inhabitée libre et très fertile. J'emporte mes couleurs et mes pinceaux et je me retremperai loin de tous les hommes. J'aurai toujours à souffrir de l'absence de ma famille, mais je n'aurai plus cette mendicité qui me dégoûte. Ne redoutes rien pour ma santé l'air y est très sain et comme nourriture, le poisson et les fruits qu'on a pour rien … » 1.

La tentative de villégiature artistique à Taboga tourne court ; on peut le regretter avec Victor Merlhès qui cite un voyageur français de l'époque : « L'île de Taboga, toujours ensoleillée, est couverte d'une éternelle verdure ; c'est, sans contredit, un des plus beaux sites de la nature » 2. Deux siècles plus tôt, le flibustier français Raveneau de Lussan célébrait déjà les charmes de l'île : « Nous fûmes mouillés à une île nommée Taboga qui paraissait une île enchantée tant les maisons et les jardins qui sont dessus étaient agréables et enjolivés » 3.
       
1.Lettre à Mette (fin mars 1887).
2.Dr Wolfred Nelson, « Cinq ans à Panama », Paris, 1890
3.« Journal d'un voyage fait à la Mer du Sud avec les flibustiers de l'Amérique, depuis le 22 novembre 1684  jusqu'en janvier 1688 » (rééd.), Paris, 1992

VICTOR MERLHÈS : […]

La présente édition comprend […] toutes les lettres de Gauguin, inédites ou déjà publiées, qu'il m'a été donné de retrouver, même fragmentairement, voire sous forme de résumé. Il a été possible d'en collationner une très large majorité avec les autographes ou des fac-similés, […].

Des lettres de Gauguin, de leur valeur et de leur intérêt, chacun se fera par lui-même une opinion. Elles supportent mal la comparaison avec celles plus spirituelles, denses et toujours chargées d'émotion maîtrisée qu'écrivait, par exemple, son ami Vincent. Il y faut souvent démêler ce que l'artiste perçoit clairement — même s'il l'exprime maladroitement — d'une relative confusion intellectuelle remarquée par nombre de ses contemporains chez Gauguin dont l'intuition plastique était, sans doute aucun, infiniment plus déliée, efficace et fertile que la pensée discursive. On fera la part aussi, selon l'interlocuteur, du ressenti et du conventionnel, du « genre » auquel la fréquentation du monde symboliste l'entraîna parfois et d'une authentique pudeur qui, à l'instar de Degas et Toulouse-Lautrec, ne le portait pas à s'étendre sur ses sentiments intimes. Du moins, ces lettres ont-elles le mérite de n'ennuyer jamais, de constamment maintenir l'intelligence en éveil, de susciter une réflexion nouvelle sur « cet être vierge à instinct de fauve » — selon la formule de Vincent — que Cézanne, dit-on, compara justement à Mathô. Et puis, elles racontent une histoire, débarassée de ses légendes, indéniablement vécue par une homme d'une rare générosité qui assuma héroïquement son destin et sut, des débris de sa vie, nous enrichir d'un univers de formes rénovées.

 Avertissement, pp. XI-XIII

COMPLÉMENT BIBLIOGRAPHIQUE
  • Victor Merlhès, « Chez les Maories Gauguin à Tahiti 1891-1893 », Paris : Hermann, 2006

mise-à-jour : 24 septembre 2006

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