René-Guy Cadou

Hommage photographique à René Guy Cadou, photographies de Christian Renaut ; préface de Gilles Servat

Alizés - L'Esprit large / Blanc silex

La Turballe, Moëlan-sur-Mer, 2001
bibliothèque insulaire
   
Iroise
parutions 2001
Hommage photographique à René Guy Cadou / René-Guy Cadou ; photographies de Christian Renaut ; préface de Gilles Servat. - La Turballe : Éd. Alizés-L'Esprit large ; Moëlan-sur-Mer : Blanc silex, 2002. - [64] p. : ill. ; 21x21 cm.
ISBN 2-911835-12-3

GILLES SERVAT : Cadou est un tel poète, qu'en le côtoyant on se sent porté, naturellement, au meilleur. Cependant, malgré cette assurance de dépassement personnel, la question se pose à chaque fois : comment joindre une expression musicale ou plastique à celle de Cadou ? Où trouver place, dans ces poèmes où rien ne manque, où rien n'est en trop ?

Paradoxalement, cette place est vaste, voire illimitée, si, délaissant la paraphrase, nous nous situons dans le non-dit. […] C'est dans ce champ qu'éclosent les photos de Christian Renaut. Il n'a pas souhaité l'illustration plate, bête, inutile. Il s'est posé hors de l'anecdote, avec ses noirs et blancs gros eux-mêmes d'une immense part de non-dit, ou plutôt, pour des photos, de non exprimé.

Ainsi, nous avons, incrusté dans l'or des poèmes de Cadou, d'autres poèmes, visuels, imbrication de non-dit et de non-dit, de fenêtres ouvertes sur d'autres fenêtres, de rêve dans le rêve, que, seul, un photographe inspiré, capable de situer dans l'éternité un voile de dentelle ou un reflet sur une main, pouvait réaliser. Car, pour côtoyer Cadou, il faut savoir trouver la beauté dans le simple et l'éternel dans l'éphémère …

Préface

EXTRAIT

FEMMES D'OUESSANT

Un soir de pauvreté comme il en est encore
Dans les rapports de mer et les hôtels meublés
Il arrive qu'on pense à des femmes capables
De vous grandir en un instant de vous lancer
Par-dessus le feston doré des balustrades
Vers un monde de rocs et de vaisseaux hantés
Les filles de la pluie sont douces si je hèle
A travers un brouillard infiniment glacé
Leur corps qui se refuse et la noire dentelle
Qui pend de leurs cheveux comme un oiseau blessé
Nous ne dormirons pas dans des chambres offertes
A la complicité nocturne des amants
Nous avons en commun dans les cryptes d'eau verte
Le hamac déchiré du même bâtiment
Et nous veillons sur nous comme on voit les pleureuses
Dans le temps d'un amour vêtu de cécité
A genoux dans la gloire obscure des veilleuses
Réchauffer de leurs mains le front prédestiné.
COMPLÉMENT BIBLIOGRAPHIQUE
  • René-Guy Cadou, « Poésie la vie entière : œuvre poétique complète », Paris : Seghers, 1977, 2001

mise-à-jour : 6 juin 2012

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