Ti kreiz / Claude Lucas. - Paris : P.O.L, 2010. - 329 p. ; 23 cm. ISBN 978-2-84682-451-4
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NOTE DE L'ÉDITEUR :
Simon Balard et Andros Laimb sont deux écrivains aussi
dissemblables dans leur pratique que dans leur existence. L'un,
fantomatique employé de ministère, écrit par amour
de rocambolesques histoires sans souci de les faire publier ;
l'autre, auteur à succès de romans policiers et de gare,
traîne l'existence désabusée d'un traître
à son idéal.
Rien
n'aurait dû faire se confondre les destins de ces deux-là.
Rien, sinon l'extravagante disparition de Simon Balard et l'improbable
enquête d'Andros Laimb pour retrouver sa trace à la
demande de Leno, la femme et l'égérie de Simon, qui vont
brouiller les repères, transmuer la réalité en
mirage et dissoudre les identités …
De
la fiction considérée comme un remède à la
« vraie vie » ? Non : plutôt
comme la seule vraie vie, celle où l'absurde, en vous faisant
perdre le nord, vous fait gagner l'Ouest et la liberté.
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BERTRAND LECLAIR : Ti kreiz
est proprement hilarant, tout particulièrement lorsque son petit monde
en perpétuelle poursuite vogue vers l'île d'Ouessant où va se dérouler
une bonne partie de l'action, le langage et le comportement des gens du
« caillou » (que Lucas connaît bien puisque c'est là qu'il vit) donnant
une saveur sucrée-salée très bretonnante à une histoire aux rebonds
incessants, pleine de routes parallèles, de chausse-trappes et de
chemins de traverse.
☐ La Quinzaine littéraire | 1031 | 1-15 février 2011
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EXTRAITS |
Tu
me parlais si souvent de la mer depuis quelque temps, je comprenais que
tu voulais nous sauver, nous extraire du labyrinthe et marcher avec
moi, éclaboussée d'embruns sous des cieux enfin vivants.
J'entendais le vent. Serrés l'un contre l'autre, nous avancions
courbés vers le couchant … Tu riais.
☐ p. 12 | Je
m'arrête un moment pour contempler le Créac'h dont la tour
au loin irradie dans l'air vibrant, la herse vive des rocs tranchants
et noirs qui en défendent l'accès par la mer, et la mer,
la mer heureuse et scintillante qui se déploie sous mes
yeux … C'est l'Ouest. Nous sommes venus pour l'Ouest.
L'Ouest, dit Simon, c'est l'échappée belle et la sortie
du labyrinthe. Devant moi le monde est grand ouvert. Nul besoin
d'embarquer pour aller voir de l'autre côté de l'horizon,
là où le soleil va plonger tout à l'heure son
disque ardent et froid. Le voyage n'est pas nécessaire. Ici, on
est dans l'échappée
belle. Simon dit que l'écriture est un autre labyrinthe et qu'il
écrit pour en sortir. Sortir de l'écriture par
l'écriture, je ne comprends pas bien ça. Je comprends
juste l'échappée belle que je n'en finis pas de vivre
comme Simon n'en finit pas d'écrire. Avant de reprendre ma
promenade, je me tourne vers Ti Kreiz. Simon est toujours à la
fenêtre, et je lui souris. Il est trop loin pour distinguer mon
sourire, mais il le devine, il sait à quoi je pense quand je
regarde ainsi l'horizon, quand je regarde à l'Ouest …
☐ pp. 328-329 |
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COMPLÉMENT BIBLIOGRAPHIQUE | - « Vaguement seul à Ouessant » in Jean-Pierre Castelain (dir.), Îles réelles, îles rêvées, Ethnologie française, n° 2006/3, juillet-septembre 2006
| - « une-certaine-absence@gmel.ie », Paris : P.O.L, 2015
- « Suerte », Paris : Plon (Terre humaine), 1996 ; Pocket (Terre humaine poche, 10593), 1998
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mise-à-jour : 26 janvier 2018 |
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