NOTE DE L'ÉDITEUR : Le dix-neuvième siècle
est en apparence marqué en Corse par la progressive francisation
— puissante mise en place d'une politique et d'un appareil
administratif sans états d'âmes — et l'éloignement
concomitant de l'aire d'influence de ses voisins italiens ;
double phénomène qui puise ses racines dans les
complexes événements politiques bien connus du
siècle précédent : indépendance
de l'île vis-à-vis de son maître génois,
rattachement en deux temps à la Couronne puis à
la Révolution française — sans parler
de l'intermède anglais.
Au cœur de cette révolution
culturelle se trouva plongée l'élite intellectuelle
insulaire, aux prises avec ses propres repères moraux
et les contraintes politiques nouvelles et fluctuantes — le
dix-neuvième siècle français est lui-même
celui des successifs changements radicaux de régime, de
l'Empire au Second Empire en passant par la Restauration et la
Monarchie de Juillet.
Cette élite, souvent en
résistance, fut active dans les grands débats tant
politiques que scientifiques ou moraux, c'est-à-dire ceux
que l'on pourrait qualifier de « civilisationnels »
et qui sont d'une manière générale au centre
des préoccupations de l'Europe entière. Elle tenta
d'y faire entendre la voix des « petits »
peuples face à l'hégémonisme des grandes
nations déjà engagées dans les prémices
idéologiques des futures aventures coloniales.
A travers les grandes figures
de ces intellectuels insulaires, en décryptant les liens
réticulaires qui gouvernaient ce qu'il y a lieu d'appeler
« l'élite » (économiques,
sociaux, politiques et culturels), en révélant
les quelques grands sujets de réflexion auxquels celle-ci
participa, c'est la grande fresque de la vie intellectuelle de
la société corse de la première moitié
du XIXe siècle qui est peinte ici, avec ses engagements,
ses réticences et ses mythes dont le moindre ne fut pas
le mythe « paolien ».
❙ | Marco
Cini est chargé de recherche en Histoire contemporaine à
l'université de Pise ; il dirige depuis 1998 le Centre
d'études et de documentation Salvatore-Viale de Bastia. |
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