Jean-Pierre Arsaye

Mémoire d'Au-Béro, quartier indien de Foyal

Ibis Rouge

Petit-Bourg
(Guadeloupe), 1998

bibliothèque insulaire

   
Outre-Mer 98
Martinique
parutions 1998
1ère édition du Prix du Livre Insulaire (Ouessant 1999)
ouvrage en compétition
Mémoire d'Au-Béro, quartier indien de Foyal / Jean-Pierre Arsaye ; préface de Raphaël Confiant. - Petit-Bourg (Guadeloupe) : Ibis rouge, 1998. - 113 p. : ill. ; 22 cm.
ISBN 2-84450-044-7
NOTE DE L'ÉDITEUR : Il y a près de 30 ans, en 1970, disparaissait sous les flots de la tempête Dorothy, le quartier Au-Béro (Fort de France). Y vivaient plusieurs familles indiennes. Après une enquête de deux années, l'auteur a pu recontistuer l'histoire de toute une micro société, de sa naissance à sa disparition, mettant ainsi à jour bien des aspects oblitérés d'un passé pourtant proche. Ce livre est aussi une manière d'anti-épopée.

A p
ropos de son livre l'auteur écrit : “ un ami anthropologue sut me persuader de l'urgente nécessité d'écrire l'histoire de ce quartier indien, chose que semble-t-il personne n'avait jamais songé à faire. Mais ce fut en vain que je cherchai dans les archives. Notre histoire antillaise souffre d'oblitération. Il ne me restait qu'à retrouver d'anciens habitants d'Au-Béro, dispersés dans d'autres quartiers de la ville, ainsi que des personnes ayant fréquenté ce quartier, afin de recueillir leurs témoignages ”.
RAPHAËL CONFIANT : […]

Jean-Pierre Arsaye est descendant d'Indien par son père qui fut contremaître à l'usine sucrière du Robert après avoir été ouvrier tourneur à celle du François. Il a donc un devoir de mémoire envers cette partie des siens. Mais le miracle créole, c'est qu'au-delà des seuls chromosomes, nous sommes tous, à des degrés divers et selon des modalités différentes, un peu Indien-Kouli, beaucoup Nègre, assez Blanc, un peu Chinois ou Syro-Libanais, sans oublier la matrice amérindienne première qui nous a fondés et qui, selon la belle expression d'Édouard Glissant, n'a pas “ disparu ” mais “ désapparu ”. L'histoire d'Au-Béro nous concerne donc tous, qui que nous soyons, car, à notre insu peut-être, elle a apporté sa petite pierre à la construction de notre identité-mosaïque.

Jean-
Pierre Arsaye nous démontre avec brio que nos sciences humaines, à commencer par l'Histoire, gagneraient à se placer (de manière certes critique) sous les auspices de la Créolité.

Préface, p. 15
EXTRAIT

À la fois pratiquants de l'hindouisme et chrétiens, les habitants d'Au-Béro étaient aussi unanimement suppots du parti communiste. Ne provenaient-ils pas de Basse-Pointe, bastion du Parti par excellence ? Les communistes n'avaient-ils pas toujours été les plus ardents défenseurs des opprimés ? N'étaient-ce pas eux qui avaient le plus soutenu les inculpés de l'affaire des « Seize » ? Quoi d'étonnant à ce que lors d'une de ses visites, Aimé Césaire qui, paraît-il, aimait spécialement discuter avec Homère Nahou, était lui aussi chaleureusement accueilli dans le quartier et ce, même après sa démission en 1956 de la Caravelle Rouge, pour employer une expression de Georges Gratiant ? À chaque réélection du député-maire, les habitants d'Au-Béro se joignaient aux gens des Terres-Sainville, de Trénelle et autres lieux pour une retraite aux flambeaux aux premiers rangs de laquelle ils se plaçaient.

Leur assiduité à la messe dominicale était cependant irréprochable. Et ils se confessaient, communiaient, faisaient baptiser leurs enfants. L'absolution était toujours donnée à tel ou tel qui se trouvait à l'article de la mort … Tout cela sous l'œil amusé de certains Sainvilliens qui ne comprenaient guère de telles contradictions.

pp. 81-82

COMPLÉMENT BIBLIOGRAPHIQUE
  • « Au-Béraud l'éphémère », Paris : Edilivre, 2014 ; Fort-de-France : K.Éditions, 2015
  • « Français-créole, Créole-français - De la traduction : éthique, pratiques, problèmes, enjeux », Schoelcher : Presses universitaires créoles, Paris : L'Harmattan, 2004
  • « Femme-fleur » et « Le marchand de tissu », in Gerry L'Étang (dir.), La peinture en Martinique, Paris : HC éditions, 2007
  • Guy de Maupassant, « An dousin kanpay èk dot istwèkout » Une partie de campagne et autres nouvelles trad. en créole (Martinique) par Jean-Pierre Arsaye, Fort-de-France : Presses universitaires créoles, Paris : L'Harmattan, 2000
→ Anny Dominique Curtius, « Gandhi et Au-Béro, ou comment écrire les traces d'une mémoire indienne dans une négritude martiniquaise », L'Esprit créateur | Vol. 50 | 2 | Summer 2010 | pp. 109-123 [en ligne]

mise-à-jour : 28 novembre 2014

   ACCUEIL
   BIBLIOTHÈQUE INSULAIRE
   LETTRES DES ÎLES
   ALBUM : IMAGES DES ÎLES
   ÉVÉNEMENTS

   OPINIONS

   CONTACT


ÉDITEURS
PRESSE
BLOGS
SALONS ET PRIX