Gabriel Lafond [dit Lafond de Lurcy]

Des îles Marquises et des colonies de la France, extrait des « Voyages autour du monde et naufrages célèbres »

Imprimerie Vve Dondey-Dupré

Paris, 1843
bibliothèque insulaire
   
île-prison

livres sur les Marquises
Des îles Marquises et des colonies de la France / Gabriel Lafond de Lurcy. - Paris : impr. Vve Dondey-Dupré, 1843. - 47 p. ; 22 cm.
JEAN-JO SCEMLA : La capitaine Lafond, officier de la marine française, est entré au service du jeune gouvernement du Pérou. Il commande une goélette de guerre, l'Estrella. Sa mission, aux Marquises et à Tahiti a pour but d'étudier l'opportunité d'y créer « un lieu de déportation pour les ennemis des nouvelles institutions du Pérou », car « il ne suffisait pas de vaincre les Espagnols, il fallait encore les mettre dans l'impossibilité de prolonger la guerre ». Lafond arrive à Nuku-Hiva en 1822, mais écrit ses souvenirs vingt ans plus tard, auxquels il mêle des informations de source livresque.

« Le voyage en Polynésie », Paris : Robert Laffont (Bouquins), 1994 (p. 1160).
Quand il écrit ses souvenirs, vingt ans après son escale aux Marquises, Gabriel Lafond est parfois trahi par sa mémoire mais son récit, qui demeure par ailleurs très allusif, montre que le projet de créer un « lieu de déportation » aux Marquises est bien antérieur à la prise de possession par la France en 1843. On note également que ce choix repose alors sur des considérations qui paraissent, a posteriori, relativement clémentes : l'autorité péruvienne envisageait d'exiler certains opposants, les plus actifs, « dans une de ces îles, dont le climat doux et tempéré leur permettrait d'attendre patiemment que la république fut assez consolidée pour n'avoir rien à craindre de leur présence ».

Quand après la prise de possession par l'amiral Dupetit-Thouars les autorités françaises reprennent l'idée, elles pensent l'appliquer aux condamnés à de longues et lourdes peines 1 ; mais le débat préalable à la mise-en-œuvre du projet ne s'engage qu'en 1850 ; il suscite de vifs échanges où s'illustrent, parmi d'autres, Lamartine et surtout Victor Hugo : « Vous êtes-vous rendu compte de ce que serait, je dirais presque nécessairement, l'homme quelconque qui acceptera, à la face du monde civilisé, la charge morale de cet odieux établissement des îles Marquises, l'homme qui consentira à être le fossoyeur de cette prison et le geôlier de cette tombe ? » (Assemblée législative, 5 avril 1850).

Les premiers déportés sont débarqués à Nuku Hiva en juin 1852 ; ils sont peu nombreux : Alphonse Gent, Louis Longomazino, Albert Ode … et leurs familles respectives. Un an plus tard, Longomazino est autorisé à s'établir à Tahiti ; en 1854, les famille Ode et Gent voient à leur tour leur peine commuée et s'embarquent pour Valparaiso. Le sinistre intermède a été de courte durée ; les autorités pénitentiaires et coloniales vont se tourner vers la Guyane et la Nouvelle-Calédonie.

1.En 1843, Lucien-François de Montignac qui s'illustre par ses méthodes expéditives en Algérie propose de « tuer tous les hommes jusqu'à l'âge de quinze ans » et de « prendre toutes les femmes et les enfants, en charger les bâtiments, les envoyer aux îles Marquises ou ailleurs » — « Lettres d'un soldat : neuf années de campagnes en Afrique », Paris : Plon, Nourrit et Cie, 1885 ; rééd. Vernon : Christian Destremau, 1998, 2001.
COMPLÉMENT BIBLIOGRAPHIQUE
  • « Des îles Marquises et des colonies de la France », London : Bristish library (Historical print editions), 2011

mise-à-jour : 13 février 2015
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